Au Capitole, Nougaro a toujours vingt ans !
Sauvé dans En scène, Hommage, L'Équipe, Philippe Emery
Tags: Anne Sila, Art Mengo, Ben l'Oncle Soul, Bénabar, Big Flo et Oli, Cali, Cats on Trees, Claude Nougaro, Fabian Ordoñez, Jean-Pierre Mader, Louis Winsberg, Mouss et Hakim, Natalie Dessay, Nicolas Courjal, Nolwenn Leroy, Nouvelles, Pierre Guénard, Yvan Cassar, Yvan Cujious
8 septembre 2024, Toulouse, Place du Capitole,
Par Philippe Emery,
Vingt ans après que le poète a disparu, ses chansons courent encore dans les rues. Ou plutôt, paraphrasant Trenet, sur la place du Capitole. Au pied du théâtre éponyme où « les ténors enrhumés tremblaient sous leurs ventouses » et où chantait autrefois le papa de Claude Nougaro, Pierre. Un fameux baryton : « c’était alors mon seul chanteur de blues », clamait l’enfant des Minimes dans son hymne à Toulouse.
Une ode à la Ville rose interprétée magistralement dimanche 8 septembre par Natalie Dessay en ouverture de l’hommage rendu à Nougaro par sa « cité gasconne », 20 ans après sa mort. Et à la veille du jour de sa naissance, « l’homme aux semelles de swing » étant né un 9 septembre 1929, sous le signe du chiffre 9. Un bel hommage après ceux rendus par New’Garo à Jazz à Vienne et Jazz in Marciac, et après celui de Léogé & Co a Paziols.
De nombreux spectateurs massés au pied de l’hôtel de ville et des arcades de la jolie place toulousaine accompagnaient ce dimanche l’artiste de la voix évoquant « l’eau verte du canal du Midi et la brique rouge des Minimes ». Chacun murmurait et « dansait sur lui », Nougaro, au rythme des notes lancées par l’orchestre national du Capitole sous la conduite d’Yvan Cassar. Celui qui avait embarqué pour le dernier voyage musical de Claude Nougaro en 1998 (et aussi pour Johnny et tant d’autres) a transformé ce 8 septembre, dans la fraîcheur de l’été toulousain finissant, le grand orchestre classique en big band de jazz, avec l’appoint de quelques fameux solistes, comme le guitariste jazz Louis Winsberg.
Sous la direction artistique d’Yvan Cassar, des chanteurs de toutes générations et tous horizons ont salué, chacun à leur manière, le poète qui jouait avec les mots sur des musiques de jazz et de java, de samba et de tango, d’Afrique et de Paname. Anne Sila et sa vibrante version de l’incontournable Cécile ma fille, Bénabar, Cali et Yvan Cujious dans leur reprise théâtrale et drôle de Je suis sous… , Cali encore, avec le plus Américain du Sud de Toulouse Fabian Ordoñez, dans Tu verras / Que sera, Pierre Guénard et ses Quatre boules de cuir, les Toulousains Cats on Trees, Art Mengo et Jean-Pierre Mader, la Bretonne Nolwenn Leroy, belle voix émouvante pour L’île Hélène (l’épouse de Claude était bien présente au Capitole), Ben l’oncle Soul pour un Armstrong swinguant, où les locaux de l’étape Mouss et Hakim (ex Zebda) reliant Nougayork à leurs chères Minimes, qu’ils avaient en commun avec leur aîné.
Les mots et les vers psalmodiés par Nougaro entrecoupaient les chansons et les envolées symphoniques de l’orchestre, tandis que le Chœur des Éclats faisait passer un vent de fraîcheur et d’enfance et que le « Toréador » endiablé de Nicolas Courjal réveillait la fibre lyrique du public. Les façades du Capitole étaient illuminées successivement de rouge et d’or, de bleu et de rose. La foule, emportée par la musique, aux générations mélangées, balançait en rythme, battait des mains, fermait les yeux, appréciait, fière de l’hommage toulousain à son artiste toujours vivant. Big Flo et Oli, revenus d’un coup d’aile de Paris où ils participaient à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, concluaient deux heures et demie d’un magnifique spectacle en slamant leur jolie lettre Pour Claude, jetant ainsi un pont entre les générations, entre rap et jazz.
-Philippe EMERY
Le site de Claude Nougaro, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
Toulouse Capitole, extraits, 8 septembre 2024
Nolwenn Leroy « L’île Hélène » 8 septembre 2024
Big Flo et Oli, audio « Pour Claude », 2022
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