Barjac 2024 : Chouf, ça chauffe !
Sauvé dans En scène, Festivals
Tags: Barjac 2024, Chouf, Nouvelles
29 juillet 2024, chapiteau du Pradet, festival Barjac m’en chante,
Ce n’est pas que la scène du chapiteau soit extra-large mais tout se déroule ici en plus resserré, sur un praticable posé sur la scène, à l’exacte dimension d’un lieu douillet et chaud (cause à l’insupportable canicule, ça l’est plus encore), intime, comme un petit cabaret, une cave où cuve le meilleur des sons. Le Toulousain Simon Chouf est le maître de cérémonie, à étrenner le contenu de son futur album. Album qui tranche après des années de quasi silence (son dernier opus original, Volatils, remontant à 2017). Un album noir, couleur de ces temps incertains, anxiogènes, où tout semble sombrer dans la folie, la violence, dans un dérisoire sursis. Le spectacle, le disque sans doute aussi, se nomme « A l’attaque ! » : il n’est que combats présents et à venir.
« Qu’avons-nous fait du monde / A trop le consumer / On a saturé le ciel / De particules fines / De poussières crachées / Dans l’air pollué / D’immonde ». Et d’insister plus encore : « Que nous a fait le monde ? / Qu’on veuille le ré-inventer / On sait que c’est fini bientôt / Que tout est parti en fumée ».
Les saccages à l’environnement, cette terre qu’on assassine mais pas que. Chouf scrute notre société, qui ne vaut guère mieux. Lui n’oublie rien et se fait comptable des violences étatiques : « Pour Malik, Adama, Rémi / Pas de pardon ni oubli / Innocents quoiqu’il arrive / Dans la mémoire collective ». Chouf chante l’Histoire au présent, avant qu’elle ne s’estompe, qu’on la tronque, revisitée par des falsificateurs. C’est du reste le rôle de la chanson, que peu perpétuent.
Les titres se succèdent, implacables et tristement beaux car souvent sans issue, fut-ce par le truchement de son chien qui est con et n’y comprend rien : seule la musique y fait lumière, étrange clair-obscur, étonnante chanson-rock d’humeur presque badine, qui parfois frôle avec la musique foraine et contraste tant avec le propos. La formation est classique et aguerrie : Simon (Chouf) aux guitares et bugle, l’autre Simon (Portefaix) à la batterie et Maïlys aux claviers. Du beau travail.
Le propos est ardu, très « terre à terre » et pour autant baigné de poésie, la chose est entendue ; la chaleur accable mais le public est là, qui ne perd pas le moindre vers, suspendu à ces chansons qui toutes nous apparaissent pour les bijoux qu’elles sont. Du grand Chouf, faut-il le dire ? Mais du nécessaire, d’abord et avant tout.
La page facebook de Chouf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Annonce spectacle À l’attaque, février 2024
« Mon chien », septembre 2023 au Bijou à Toulouse
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