Arthur H « Une femme qui pleure »
A travers ton corps
Forcer la serrure
De ce coffre fort
Réchauffer ton sang
Lécher la blessure
Lécher la blessure
une femme qui pleure
une femme qui pleure
Mais aucune larme ne coule
Ne coule
Je t’achète une langue
Voilà mon regard
Je veux arracher
la peau de ton cœur
Arthur H
Paroles et Musique Arthur H(igelin). Extrait de l’album « Soleil dedans », 2014
Enregistré lors de l’émission Le pont des artistes au Triton en 2018 avec orchestre au complet. La voix d’Arthur H s’y montre particulièrement agile à partir dans les hauteurs à partir de sa voix basse et éraillée… émotion. Autre version tout aussi réussie en trio basse batterie, Arthur au piano.
Cette chanson est extraite de cet album vieux de dix ans enregistré au Québec où se croisent les thèmes favoris d’Arthur H, les éléments, soleil du titre, lune omniprésente (L’autre côté de la lune), étoiles (La femme étoile, précédée de L’arrivée de la femme étoile), l’eau (Navigateur solitaire, Le bonheur c’est l’eau) ; les engagements (La ballade des clandestins, La caissière du super), toujours en poésie, en sonorités (écoutez Oh là-haut, digne héritage de son père Jacques), en sensualité et parfois en dérision entremêlées, et ces différents thèmes se mélangent particulièrement dans Les papous, c’est nous « on s’en fout de tout ça / Sid Vicious priez pour nous pauvres pécheurs / D’étoiles, naufrageurs d’un vaisseau spatial ».
Avec Une femme qui pleure, on ne peut s’empêcher de penser à Dora Maar, photographe et peintre, 28 ans lorsqu’elle rencontre Picasso, 54 ans, et qui, malgré les brimades et le mépris subis, restera à ses côtés, photographiant le peintre à l’œuvre notamment lors de la réalisation de Guernica, alors qu’il ne rompt pas avec Marie-Thérèse Walter mère de sa fille Maya Picasso. Picasso représente plusieurs fois Dora en femme ravagée, La femme qui pleure, défigurée par la douleur (et la représentation cubiste !), en larmes et tenant en sa main un mouchoir. Si ce chagrin peut avoir été provoqué par le drame de Guernica, ou le fait qu’elle n’avait pas d’enfant, c’est plus vraisemblablement sa relation toxique avec le maître dont l’attitude a semble-t-il provoqué plusieurs suicides dans sa famille qui en est la cause. On pourrait tout à fait placer ces mots d’Arthur dans sa bouche : « Voilà mon regard / Je veux arracher / la peau de ton cœur ».
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