Barjac 2024 : Oldelaf, la rigolitude
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals
Tags: Barjac 2024, Festivals, Nouvelles, Oldelaf
Dimanche 28 juillet 2024, Espace Jean Ferrat – Cour du Château de Barjac (Gard),
Par Michel Kemper,
Il y a vingt ans, un Oldelaf aurait été reconduit aux frontières communales couvert de goudron et de plumes : pas de ça dans la cité de nos respectables chansons de paroles. Pas tant par les directions respectives du festival d’ailleurs, je crois, mais par les festivaliers d’alors qui, en groupe, en ligue, en procession, blessés dans leurs inébranlables certitudes, auraient signifié à l’humoriste-chanteur leur violente fin de non-recevoir. Comme quoi les temps changent. Si désormais tout semble urticant dans une société qui se supporte de plus en plus mal, les amateurs de chanson, eux, ont appris la sagesse et écoutent désormais ce qu’hier ils auraient conchié ; les chapelles sectaires se sont muées on ne sait comment en lieux d’écoute et de convivialité, les râleurs ont disparu.
Oldelaf peut ainsi venir chanter ses p’tites chansons en un terrain apaisé, déminé, pacifié. Tout au plus pourra-t-on commenter qu’il ne fait pas le poids, que Pitiot qui le précédait est autrement plus costaud. N’empêche que l’auteur de La Tristitude est bienvenu ici, raisonnable marée de fraîcheur en pleine alerte canicule. Encore que le terme de fraîcheur soit discutable, le répertoire présenté étant proche de la date de préemption : il conviendra que, la prochaine fois, il renouvelle gags et chansons, trop éventés et polis par le temps. Là encore, le terme « poli », euh… Rien de nouveau sous le soleil avec Oldelaf, et rien de vraiment spectaculaire : ça n’a rien d’un grand récital. Pas d’effet de manche, pas de lyrisme pour ce récital de fin de tournée, mais la légèreté, l’insolence. La simplicité aussi. En fait, la recette de chansons qui s’incrustent facilement dans nos caboches, s’y accrochent contre vents et marées, y jouant les forcenés. Je ne dis pas ça cause à mon prénom, mais le C’est Michel d’Oldelaf devient par lui un grand classique dès qu’il s’y fraye un chemin.
L’Hôtel Ibis pareillement, d’autant plus si on y a trompé sa [ou son] moitié entre treize heures et treize heures dix : on culpabilise moins en fredonnant cette inaltérable chanson. Oldelaf à Barjac, on chipotera pour le principe, cause notre statut social, cette aura que confère l’obtention de son pass de festivalier. Mais on rira, discrètement ou à gorge déployée. Après tout, Pitiot et Guilhem Valayé ont fait auparavant le job de l’hyper qualité, coché les cases culturelles et politiques : c’est champ libre à la pire déconne. Le rigolo de fin de soirée et ses deux acolytes, tout aussi clowns que lui, peuvent ensuite blaguer sur tout, tout passer en dérision, même La Peine de mort : tout est permis, tout est possible. Et on ne va pas s’en priver…
Dans l’assistance, en regardant bien, un hôte qui se tord de rire comme les autres : le dessinateur Didier Tronchet. Ses personnages Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal, ses autres que sont Les Deux cons aussi, ne sont pas si éloignés du monde décapant et détergent d’Oldelaf. L’un dessine, l’autre chante, en des scénarios cousins. C’est le même rire.
Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
« C’est Michel », clip 2020
« L’amour à l’Hôtel Ibis », clip 2018
« La peine de mort », Nuit de la déprime 2019
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