Maud Lübeck et autres reprises bienvenues
On ne le dira jamais assez : les reprises sont bienvenues, qui plus est nécessaires. Le répertoire est un patrimoine qui se doit d’être travaillé, pour ne pas être oublié. Ce n’est d’ailleurs pas NosEnchanteurs qui dira le contraire, nous qui animons chez EPM une collection sur des grands auteurs (Couté, Brassens, Dimey, Ferré, Aragon, Hugo, bientôt Gainsbourg…) qui fait la part belle à ses interprètes, les meilleurs sans doute, les moins connus souvent. Vive la reprise, donc !
La reprise, c’est justement l’objet de ces albums récents.
Maud Lübeck : « Les Ravissements »
Titre bien nommé, tant c’est effectivement notre ressenti à l’écoute de ce superbe EP (là, c’est frustrant de n’avoir que sept titres !). Faire se côtoyer en un même opus tant Anne Sylvestre que Sheila, Desireless que Jeanette, aussi Philippe Katerine, Malik Djoudi et Mansfield.TYA, pourrait paraître insensé : la voix et l’art de Maud Lübeck, sans nullement niveler, unifie ces titres disparates en un « récital » captivant. Il y a plus d’un an, Maud Lübeck est invitée par Ghislaine Gouby, directrice des Scènes du Golfe à Vannes, pour une carte blanche lors du Festival Les Émancipées. Cette année-là s’y déroulent « Les ravissements » : des rencontres animées par la journaliste Claire Chazal avec les artistes/auteur.ices : Sandra NKaké, Brigitte Giraud, Fabcaro et Imany. Ces interviews sont entrecoupées de reprises des chansons qui ont marqué leurs vies, que Maud Lübeck revisite seule sur scène, piano-voix.
En épurant ces titres, Maud les découvre sous un nouveau jour : la portée humaniste de Voyage voyage de Desireless, le sens profond de Porqué te vas de Jeanette, la dimension mélancolique de Bang bang de Sheila ou celle, politique, de Douce Maison d’Anne Sylvestre. Cette Douce Maison (l’histoire d’un viol à travers celle d’une maison violentée) vous laisse à nouveau sans voix.
Ce qui n’était somme toute qu’un one-shot devient à présent ce désirable disque dont c’est justement Fabcaro qui signe l’adorable pochette.
Maud Lübeck, Les Ravissements, 2024. Le site de Maud Lübeck, c’est ici. La page sur ce disque, c’est là.
Douchka Esposito : « Au fond du cœur »
Le sous-titre de cet album le décrit : « Hommage à mon père Giani ». Seize titres pour, s’il le fallait encore (il le faut !), à nouveau écouter le grand Giani Esposito, ce qui est toujours profitable. Et deux très beaux poèmes inédits de Douchka dont celui à l’adresse de son papa, sur le Prélude en C de Jean-Sébastien Bach : « On se reverra dans l’invisible / On touchera l’inaccessible… »
La voix de Douchka est agréable, le disque (réalisé et arrangé par le brillant Angelo Zurzulo) est plaisant : l’éclat de cette interprétation fait de nouveau étinceler des titres comme Le Clown, Aubade, Deux colombes ou Un noble rossignol (à l’époque Ming). Et ça, c’est pas rien !
Douchka Esposito, Au fond de mon coeur, Hommage à mon père Giani. EPM 2024. Le site de Douchka Esposito, c’est ici.
Yvan Cujious & Louis Winsberg : « Une voix, six cordes (de Claude à Nougaro) »
A l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition du Toulousain de la chanson, les hommages se sont multipliés. Voici celui, respectueux, appliqué, d’Yvan Cujious et du guitariste Louis Winsberg (qui collabora avec entre autres Nougaro lui-même, et Maurane). Tout aussi toulousain que son maître à chanter, Yvan reprend, sans surprise, une dizaine de grands titres, du Cinéma à La Pluie fait des claquettes, des Don Juan à Une petite fille. Avec de belles et agréables surprises : des duos avec Francis Cabrel (sur Cécile, ma fille), Thomas Dutronc (sur Armstrong), Anne Sila (sur Rimes) et Bigflo & Oli (sur Toulouse, qui clôt l’album). Reste que nous sommes, pouvait-il en être autrement, loin du souffle originel. A défaut, cet album reste un bel hommage, qu’il doit être plaisant, mieux même, de voir vivre en public.
Yvan Cujious & Louis Winsberg, Une voix six cordes, De Claude à Nougaro. Baboo Music 2024. Le site d’Yvan Cujious, c’est ici.
Maud Lübeck « Aussi jolie » de Malik Djoudi :
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