Les habits neufs de Louis Arlette
Le nouvel album de Louis Arlette s’appelle Chrysalide, terme qui recouvre l’étape intermédiaire entre la larve et le papillon. L’artiste ne saurait exprimer plus clairement ses intentions. Pour l’accompagner dans cet envol, cassons nous aussi nos habitudes et offrons-nous une chronique en forme d’acrostiche.
C comme Concis : l’album est court (9 chansons mais 28 minutes en tout seulement) mais dense. Du concentré d’énergie qui laisse l’auditeur K.O. La durée idéale pour un tel choc.
H comme Houlà ! : interjection exprimant l’étonnement, la surprise. On ne saurait mieux décrire l’impression première ressentie à l’écoute de l’album. Qu’on aime ou qu’on déteste, à coup sûr ne sera-t-on pas indifférent. Nous naviguons dans les eaux de l’inédit, nous fréquentons le pas-banal, nous nous éloignons à grands pas des sentiers battus.
R comme Renouveau : avec ce disque, Louis Arlette quitte sa zone de confort pour se lancer dans une mue aussi courageuse qu’aventurière. Exit la pop-électro mélodique et dansante qui nous l’avait fait connaître, place à une sorte d’art brut, que l’on aurait peine à siffloter sous la douche le matin au réveil.
Y comme Yes : cri poussé par les amateurs pointus d’expériences auditives et poétiques, qui pourront satisfaire leurs penchants jusqu’à plus soif. Ils s’opposeront toutefois aux tenants du No, pour qui l’album se résume à une succession de compos qui se ressemblent dotées de paroles aussi hétéroclites que vaines. Choisis ton camp, camarade !
S comme Slam : le chanteur adopte pour cette album un parler-chanter qui donnent à ses chansons des airs de slam habité et distancié à la fois, des traces de second degré pouvant être identifiées de ci de là.
A comme Antiquité : Enée, Didon, Athéna, Thétis, Sardanapale, Calypso, Trajan, Ishtar, Cyrus… Les chansons regorgent de références aux temps anciens. A vos dicos ! Comme, en plus d’être féru d’histoire, Louis Arlette est un fin lettré, on trouvera également dans ses textes des allusions à Rabelais, Jack Kerouac ou Conan Doyle. Et à Calimero aussi !
L comme Liberté : l’album s’ouvre sur cette affirmation « Mais j’ vais quand même pas me restreindre ». Tout est dit…
I comme Intrigant : le mot idoine pour qualifier les paroles des chansons. Selon son humour, son humeur et son goût pour la poésie absconse, l’auditeur aimera ou rejettera. La tiédeur n’est pas admise.
D comme Dubitatif : tel l’état d’esprit de l’auteur de ces lignes…
E comme Expérimental : que l’on trouve l’album brillant ou qu’on le qualifie de pensum insupportable, à tout le moins faut-il reconnaître les mérites de Louis Arlette d’avoir ainsi franchi toutes les frontières connues de la chanson. Un geste artistique à saluer, un manifeste novateur pour une électro-pop en liberté. A ranger à côté du Figure imposée de Bashung et du Scarifications d’Abd Al Malik.
La version augmentée de cet album comporte un bonus de cinq titres consacré aux poètes, dits ou chantés sur fond musical, de La Ballade des pendus de Villon (grinçante et percutante), à La fin de la journée de Baudelaire, dont nous vous parlions à propos du premier extrait Lapis-Lazuli. NDLR Catherine Laugier.
Louis Arlette, Chrysalide, Bruit blanc, 2024. Le facebook de Louis Arlette c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
« Magnifique », clip mars 2024
« Tristesse », Musset, audio avril 2023
Commentaires récents