Stéphane Mondino « Archimort »
Les nouvelles ne sont pas bonnes, fils
Le monde est archimort
C’est le dernier feu d’artifice
Avant que tout s’évapore
Tout l’ciel, la mer, les vagues
Les villes, nos vies fragiles
Stéphane Mondino
Paroles et Musique Stéphane Mondino. Extrait du Cinq titres « Dark » 2024, à paraître le 16 avril.
Dans la situation du monde actuel, il y a chez les artistes, en gros, trois sortes de réactions. Ceux qui continuent à danser, twerker au milieu des paillettes en considérant leur boule comme le centre du monde. Ça rapporte bien en vérité. Ils divertissent la réalité, permettent l’oubli, c’est une drogue.
Ceux qui militent, dénoncent, critiquent, élaborent des plans, trouvant dans leur passion sujet à espérer désespérément (!) que le monde peut encore s’en sortir, lançant des messages d’espoir, même ténu, anxieux incorrigiblement optimistes pensant que l’amour triomphera un jour. Parmi eux, des romantiques, des engagés, tendance sociale ou écologie, des humoristes même qui préfèrent en rire.
Et puis pour peu que la conjoncture se combine à des malheurs intimes, il y a ceux qui envoient un message désespéré et nous promettent l’apocalypse. Quand on voit la couverture de cet EP, une acrylique d’Eric Ginhac, il semblerait bien que Mondino en soit à ce stade. Mettant dans cet album cinq chansons pour se délivrer d’une période sombre de sa vie : Vivant, Tout le bonheur je le rends, Nos erreurs, Maintenant tu sais. Et conclure par la plus dépressive, belle dans son exorcisme, dans ce contraste entre noir et rouge, calme et tempête, cri à la Munch, soumission, révolte, sirènes d’alerte urgente et percussions trépidantes, et cette voix qui s’élève à la Polnareff, à la Balavoine « Qui va pardonner nos erreurs ? »
Mais comme la vie est la plus forte, le prochain, en préparation depuis deux ans, devrait être plus lumineux.
On avait rencontré Mondino en 2017 avec son album concept Les rêves de Babylone. Qui n’était pas exempt non plus d’inquiétude, quand on sait que la mythique Babylone est le symbole d’une civilisation antique prestigieuse dont il ne reste que ruines. Mais c’était déjà le sixième album de Mondino qui a débuté la musique après les Rencontres d’Astaffort de 2002.
Parmi eux, 1975 - son année de naissance – (2012) a obtenu le Grand Prix 2013 de l’UNAC et de la SACEM du meilleur album autoproduit de l’année, un album poprock plus serein, malgré les alertes « quand l’amour s’endort », Rien n’est parfait ou la très belle Il n’y a pas de héros, sans parler de la mélancolique Les derniers terriens.
En 2021 il publie un album intime, plus « chanson », réalisé par un jeune musicien, Romain Roussoulière, composé principalement au piano, Sous les abat-jours du soleil, écoutez l’émouvante chanson-titre ou la plus rock mais toujours tendre et déjà mélancolique Fait divers. Des sujets forts et délicats comme la perte d’un bébé avant la naissance, la paternité, les violences conjugales, et Orage, une histoire d’amour dans un camp de déportés, avec une très belle illustration musicale. De cet album, on peut retenir un message : « Après l’hiver, la vie revient toujours ».
En 2023 son complice de toujours, Michel Françoise, lui arrange deux titres écrits par Françoise et composé par Mondino, écoutez Jusqu’où.
On attend la suite…
Le site de Stéphane Mondino c’est ici.
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