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Faut pas faire du mal à Johnny

Avec plus de deux mille articles référencés sur Google actualités, avec des télés qui comme d’hab’ en font des tonnes, force est de reconnaître que l’hospitalisation, le coma et la non-mort de notre idole sont l’événement le plus marquant de cette fin d’année. L’approche de la fin du monde ne saurait être autrement traitée. La folie s’empare de… De qui au fait ? Des médias qui présupposent encore, anticipent l’émotion, la fabriquent au kilomètre et font chauffer les rotatives. Des fans assurément, persuadés qu’il n’y aura jamais qu’un et qu’un seul chanteur : le leur, déifié de son vivant et promis à la sainte immortalité. Parmi eux son lot conséquent de bourrins aux hallydesques tatouages. Faut voir comment le chirurgien parisien qui vient d’opérer l’aqueu Johnny s’en est pris plein la gueule (à tous les sens du terme) au seul crime (à ce que j’ai cru comprendre) que l’intervention n’a pas tout à fait réussi. Faut dire aussi que comme pousse-au-crime, Jean-Claude Camus, son avisé imprésario, se pose là, par ses déclarations un rien intempestives que tout journaliste qui se respecte (c’est à dire s’étant définitivement brouillé avec la simple idée de déontologie et d’honnêteté intellectuelle) va imprimer sur le champ sans sourciller, sans nuancer, la plume sur la couture du pantalon. Camus est un patron de choc et Johnny sa raison sociale : quand on touche à la tirelire y’a obligation de résultats, faut pas faire bobo à Johnny !

Mon dieu, mais qu’est-ce que ça va être au jour du grand trépas ? Au mieux deuil national et nouveau jour férié. Va-t-on lire les textes de Johnny – qu’il n’a du reste pas écrit – dans les classes comme on le fait de la lettre de Guy Môquet ? Va-t-on ouvrir derechef à ce non-contribuable et néanmoins artiste les portes du Panthéon puisque Camus (l’autre, le vrai, l’écrivain !) n’en a pas voulu ? Va-t-on nous imposer le jeûne ? Ça non, car rien ne saurait entraver le commerce, ce sacro-saint bizness dont Johnny est une des plus fiables icônes, un des meilleurs produits, une tête de gondole. Mickaël Jackson n’était qu’aimable répétition… les vraies festivités sont à venir. Tout n’est que nausée par et autour de cet artiste, tout. On est loin de tout art. Car c’est quand même un comble, quand on parle de Johnny, on parle de fric et d’exode fiscale, de nationalité suisse âprement négociée, de cachets faramineux, d’amitiés chiraquiennes, d’idylle sarkosienne, on parle de femmes et de fastes, de train de vie d’enfer, de faits divers, de prouesses techniques de spectacle, de chiffres de ventes, de produits dérivés, de bagnoles, de motos et d’Optique 2000… Jamais hélas on ne parle de chanson.

Une réponse à Faut pas faire du mal à Johnny

  1. la Blanche 15 décembre 2009 à 16 h 34 min

    Michel,
    « Mon dieu, mais qu’est-ce que ça va être au jour du grand trépas ?  » J’ai déjà essayé de répondre à cette question dans « La Mort à Johnny » : http://myspace.com/lablanche
    Cordialement,
    Eric la Blanche

    C’est vrai. J’y avais même consacré un des trois premiers articles de ce blog, tous trois d’ailleurs sur l’idole-des-toujours-jeunes… On peut lire ça dans la rubrique archives (en bas à droite de l’écran), au mois de mai. http://nosenchanteurs.wordpress.com/2009/05/
    Salut Éric !
    Michel Kemper

    Répondre

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