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Les Faucheuses, duettistes décapantes

Les Faucheuses à Miramas ©JPMaybon

Les Faucheuses à Miramas ©JPMaybon

Miramas, Festival de Poche, le 14 octobre 2023,

 

Deux visages grimés de blanc, bottes hautes à talons, dentelle, col repassé bien sage et veston rayé rouge : Les Faucheuses, c’est d’abord un visuel. Et puis deux voix bien sûr et pas n’importe lesquelles : deux brins de femme en acoustique et en osmose vocale totale – les deux « font la paire » comme l’introduit leur premier titre, petite plongée cirée et lustrée sur ceux qui « décrotte[nt] les godasses des bien peignés ».

Étonnante, cette mise en scène ? Pas tant quand l’on sait que Lou Hingouët et Chloé Balzin, rencontrées à Paris sur les planches et depuis roulé leur bosse aux quatre coins de la France avec les créations itinérantes de leur compagnie, considèrent les arts de la scène comme un tout – « ce qui se fait très peu en France », ajoutent-elles – c’est-à-dire la maîtrise à la fois du corps, de la scène et de la voix.

Photo ©Agnès André

Photo ©Agnès André

Ces deux-là sont donc un duo décapant de petites histoires pleines « d’esprit, de fantaisie et d’un humour presque aussi noir et provocateur qu’un Yanowski » (Catherine Laugier sur leur performance à Bouc-Bel-Air) parsemées, dirais-je même, d’un zeste de la Chanson du dimanche et de sa « bonne humeur meur meur ». Aliénation, prostitution, drogues, travail sous-payé…, il y a chez elles l’art de transformer tout ce qu’il y a de plus moche en l’humain en un sujet de gaieté, le tout avec du coffre et un certain lyrisme. Faut l’faire !

Photos ©Agnès André

Photo ©Agnès André

Si quelques sujets et ressorts font certes un peu réchauffé (la télé, oui bon ; le diktat du temps, ok d’accord), il y aura toujours au beau milieu un bon mot, un œil écarquillé ou une chute savamment suspendue pour détendre nos zygomatiques.

Mais c’est ailleurs qu’on les applaudit vraiment : dans cette saynète qui nous semble toute droit sortie d’un roman de Zola porté à l’écran (magistrale montée en puissance de « L’escalier »), certaines où la cible est multiple et miroir (« Toi tu vaux mieux que ça »), d’autres qui flirtent avec le chant de résistance (« Fille de »). Mention spéciale également à « La timbrée » pour ses délicieux jeux postaux et homonymes…

Pour ce spectacle, Lou Hingouët et Chloé Balzin ont dû sortir de leur répertoire de « chanteurs morts » (un premier spectacle de reprises de la chanson, d’où est issu leur vivant nom de scène), pour les mener à ce duo et à la coécriture.

Une coécriture qui leur réussit : c’est une ovation sincère et sans cirage de godasses qui ponctue ce soir-là leur performance à Miramas !

 

Elles seront le 20 octobre à Saint-Drézéry (34) au Festival de la chanson française et en mars 2024 au théâtre Marie-Jeanne à Marseille (13). Leur site, c’est ici. Le site de leur compagnie, c’est là. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, ici

 

Teaser 2023 Image de prévisualisation YouTube

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