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Françoise Hardy, 1944-2024

716692 Booklet.inddA l’heure de notre modeste jugement dernier – le nôtre -, il nous faudra oublier, évacuer tout l’urticant de Françoise Hardy, tout ce pourquoi nous avions envie parfois, sans se gêner, de la morigéner : dent dure et propos haineux à l’encontre de toute justice fiscale, de la gauche et de ses dirigeants, elle la chanteuse riche et égoïste soucieuse de préserver ses acquis, d’échapper à l’impôt, d’ainsi mépriser ce petit peuple qui pourtant l’a fait star du showbiz en achetant ses disques. Oublier aussi cet étalage parfois indécent car détaillé à l’envi de ses états d’âme et de santé, oublier au passage cette singulière lubie astrologique…

Oublier tout ça mais garder, choyer même, ce qu’il doit rester d’elle : une œuvre belle, intemporelle, où la grâce le dispute au talent. Tant d’ailleurs qu’on a du mal à l’associer encore à la vague yé-yé qui pourtant l’a vue naître, où elle partageait alors la vedette avec Sheila et Sylvie mais déjà s’en distinguait. Une œuvre dominée par la mélancolie et l’amour : « Je suis passionnée par tout ce qui traite de l’amour vrai. L’amour sublimé. Les films, les livres que j’aime le plus sont ceux qui en parlent ». La biographie que Frédéric Quinonéro lui a consacrée est d’ailleurs titrée « Un long chant d’amour » : c’est peut-être le plus beau résumé qui puisse être.

Certes, le parcours de Françoise Hardy fut de lumières et d’éclipses, de succès et d’oublis, souvent injustes. Mais quand même : son œuvre (le terme est amplement mérité en ce qui la concerne) s’impose, rebelle aux étiquettes, tant que l’acception péjorative de « variété » ne peut lui convenir. Elle est bien au-delà. La presse, qu’on ne changera pas, depuis longtemps l’a baptisée « icône » : c’est sans doute justifié.

On peut se remémorer et passer en boucle le chapelet de ses titres les plus fameux, même ce Tous les garçons et les filles qui la vit, jadis, accéder à une précoce notoriété : Mon amie la rose, L’Amitié, Les Ronds dans l’eau, Message personnel, Le Temps de l’amour, Comment te dire adieu… Et ce Tant de belles choses… pré-posthume à l’adresse de son fils Thomas Dutronc dont nous retiendrons particulièrement ces vers : « Dans ce temps qui lie ciel et terre / Se cache le plus beau des mystères / Penses-y quand tu t’endors / L’amour est plus fort que la mort ».

L’égérie qu’elle fut un temps de la mode (Courrèges, Dior…) a laissé aussi quelques furtives traces au cinéma (chez Vadim, Frankenheimer, Godard, Lelouch…) mais plus sûrement encore dans le monde de l’édition où elle a commis des ouvrages au grand succès.

A pas de loup Françoise Hardy a quitté les clous de la vie. Certainement pas ceux de notre mémoire où elle restera pour de bonnes raisons : quelques chansons d’excellence et l’ensemble d’un répertoire de haute tenue.

 

« L’Amitié » : Image de prévisualisation YouTube

« Tant de belles choses » : Image de prévisualisation YouTube

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