Mouzac & Mouzak : de bien sales petits bonhommes en vérité

Mouzac & Mouzak (photo non créditée)

« Mouzac & Mouzak est à l’industrie de la chanson ce que les confitures maison sont à Bonne Maman. Fabriquées dans sa cuisine avec des fruits du jardin (non traités !), moins de sucre et une stérilisation en cocotte. Ah oui, une stérilisation ? Rien est moins sûr… » A les lire, Jean-Jacques et Aurélien Mouzac ont d’évidence le sens de la formule… Les Mouzac, vous les connaissez sans forcément retenir leur blase : Sale Petit Bonhomme, ce sont eux, des scènes à ne plus les compter et quatre CD gorgés de chansons du père Brassens. Après quinze années d’activités, Sale Petit Bonhomme a fermé boutique en fin 2019 avec l’idée que, peut-être, les chansons qu’écrivaient dans son coin Jean-Jacques Mouzac pourraient connaître un avenir. Peut-être…

Au bout d’une dizaine de chansons, Aurélien (guitares, ukulélé, basse) les a mises en musique, mais à distance. C’était alors les temps anciens, ceux du confinement. Aurélien travaillait alors avec Thomas Hilaire, celui-ci fort de ses programmations, ses claviers et sa batterie…

Et les trois devinrent « Mouzac & Mouzak », un peu à la manière des Dupont et Dupond d’anthologie mais, au fait, quid du troisième ?

S’inscrire dans la chanson « à texte » et se lover dans une enveloppe sonore plus actuelle : les socles de leur projet sont respectés. Ceci dit, chassez le Brassens qu’il revient ici et là par des mots, des intonations, une façon d’écrire aussi. Et par l’évident respect du texte, de la phrase bien écrite, bien articulée : pardi, ce n’est pas au Gorille qu’on apprend à faire la grimace !

Ceci dit, c’est bien un groupe nouveau qui nous arrive, dont il conviendra non d’oublier le passé mais de le mettre un peu sous l’éteignoir. L’inspiration est sentimentale, sociale, avec ce qu’il faut de mélancolie et de questionnements. Car des points d’interrogations, il y en a, quatre des onze titres sont des questions. Est-ce que tu penses à moi ?, qui traverse le temps et reste sans réponse ; De quel côté ?, la chanson-titre, teintée de l’angoisse du temps présent, de ces bombes dont on ne sait où elles pourront tomber ; Qu’est-ce qui déconne ?, terrible et fort belle chanson sur la vieillesse « terminée la grande aventure / il faudra réduire la voilure / et faire semblant » ; Qu’est-ce qu’il a fait le Bon Dieu ?, une chanson d’« athées, de cœurs purs et de mécréants » qui égrène nombre de reproches qu’on peut ou pourra faire à Dieu, légitime donc.

L’essai est réussi, le disque, à défaut d’être remarquable, se doit d’être remarqué car intéressant, estimable. Et profondément humain. Entre nous, on ne pouvait s’attendre à autre chose des Mouzac : ils sont allés à bonne école.

Mouzac & Mouzak, De quel côté ? Gonzo Collectif 2023. Le facebook de Mouzac & Mouzak, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Sale Petit Bonhomme, c’est là.