Eric Frasiak, l’amour ça fait l’monde plus beau
Cet album, le onzième de Frasiak (le septième studio) a été écrit en grande partie pendant le confinement – Non essentiels, tout comme L’ennemi invisible sont un ressenti à la fois précis, émouvant et poétique, mais aussi contestataire, où on retrouve toutes les émotions qui nous ont parcourus pendant cette période.
Un condensé en quinze chansons du Frasiak qu’on aime : engagé, poétique, tendre, plein d’auto-dérision – chapeau pour l’écriture de ce Trou de mémoire, un petit chef d’œuvre souligné de cuivres et d’accordéon narquois « J’m'accroche au fil du temps qui passe / Mais l’funambule a bu la tasse » - nostalgique et résolument de son époque, même s’il ne correspond pas aux critères de la chanson commerciale. Sur une musique riche, à la croisée du rock et de la chanson, avec son équipe habituelle, Jean-Pierre Fara aux guitares électriques, pour la touche Gilmour, Olivier Baldissera ou Raphaël Schuler à la batterie, Philippe Gonnand à la basse et Benoît Dangien au piano et claviers, Géraldine Ecosse aux chœurs, et Eric un peu à tout, guitares, percussions, claviers et prog. Et en invités, bugle et trompette, violon et violoncelle, pedal steel, l’accordéon de Steve Normandin.
Trop de mots dans [s]es chansons, parce que trop de vécu, de sentiments, d’émotion. La mort s’y place dans l’ordre des choses, dédiée aux amis partis et particulièrement, sans le nommer, à Patrick Boez, et après celle d’un père courageux et taiseux, celle d’un frère aîné à qui il dédie un superbe instrumental, avec ces seuls mots murmurés au mitan : Adieu Frangin.
Rebelle à toutes les injustices, il applaudit Greta « On peut être sérieux quand on a 17 ans », s’indigne du sort fait aux Galgos, ces lévriers de chasse suppliciés en Espagne lorsqu’ils laissent filer le lièvre (ah les belles traditions !), dénonce l’absurdité de mesures prises pendant le confinement avec Couvre-feu « Museler tous les endroits où on refait le monde / C’est donner de la voix à la sale bête immonde ».
Frasiak est un fidèle, que ce soit au Festival Grange, à sa Jeunesse, à ses amis, à son amour « Paraît qu’l'amour ça rend idiot / En tout cas ça fait l’monde plus beau », à son public « Vous allez retourner à vos vies de mystère / Chacun de son côté retomber sur la terre(…) Déjà longue est la nuit, et je rentre au bercail ». Ses reprises sont toujours en cohérence, cette Mémoire et la mer d’un de ses maîtres Léo Ferré semble sienne, profonde, naturelle et chaleureuse, et étonnamment Rêver de Mylène Farmer (musique Laurent Boutonnat) semble de sa plume « Au souffle du vent / S’élevait l’âme, l’humanité »…
Frasiak, Le tumulte des choses, Crocodiles productions, 2022
Le site d’Eric Frasiak, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. Suivre toutes les dates de concert sur le site. Le reportage photo de Vincent Capraro au Forum Léo Ferré en mars 2022, c’est ici.
Non essentiels en septembre à Royat
Trop de mots dans mes chansons en août à Thonon Les Bains
Galgos clip maquette
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