Camerlynck et Debronckart, chemins faisant…
C’est la presque réédition d’un album paru il y a vingt-et-un ans, à l’époque au Loup du Faubourg. Presque, car le digipack est graphiquement et joliment fort différent. Que deux titres y ont été retirés, et cinq autres ajoutés.
On ne chantera jamais trop Debronckart, on le chante même trop peu, c’est bête, car le bonhomme me semble être de grande utilité publique. C’est dire si, après le CD de chanson inédites par Rémo Gary (Voix de cailloux, en 2018 chez EPM), celui-ci, désormais à nouveau disponible, est bienvenu. Quelques mois après son double CD Amis de bel ouvrage (Gilles Vigneault et quelques autres amis tels de Bühler, Sylvestre, Leclerc, Dor et Sillano), Christian Camerlynck nous ouvre à nouveau les portes de ce qu’il tient pour « bel ouvrage ». La sélection est impeccable, pertinente, superbe, et l’interprétation à hauteur d’homme.
« Certaines de ses chansons étaient tellement clairvoyantes qu’elles préfigurent ce qu’est devenu le monde d’aujourd’hui. C’est le cas de Au secours sur l’uniformisation dans la société de consommation, Mon cher député sur le cynisme en politique, et cette chanson des années soixante, La Religion, qui se conclut par une maxime si forte qu’on aimerait se la tatouer sur l’avant-bras : « Écris ton histoire toi-même » ».
Les textes n’ont pas pris une ride (c’est bientôt les législatives, réécoutez Debronckart avant d’aller voter !) et l’interprétation, de facture classique, en un inaltérable piano-voix (au piano : Jean-Paul Roseau), est plus que convaincante. C’est du plein et du délié, de l’ample, du dur et du doux : l’interprète Camerlynck au mieux de sa forme, exemplaire. « Ce qui m’émeut toujours dans l’écriture de Jacques, c’est l’évidence des mélodies qui portent les mots, qui rendent facile l’interprétation » modère Camerlynck de sa coutumière modestie. Un Camerlynck qui, comme le fait Le Forestier de Brassens, ne saurait oublier d’interpréter au moins une chanson de Debronckart à chacun de ses spectacles, élémentaire fidélité à son maître : « Je vérifie chaque soir de concert que ses chansons touchent, émeuvent, et j’en suis heureux ».
Du cimetière des Batignolles où il se repose depuis trente-neuf ans, Debronckart doit applaudir aujourd’hui et des deux mains cette nouvelle livraison de ses chansons : il les préfère aux chrysanthèmes, je crois.
Les citations de Christian Camerlynck proviennent du livret de ce présent album ainsi que de l’édition de 2001.
Christian Camerlynck chante Debronckart, EPM 2022. Le site de Christian Camerlynck, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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