CMS

Bühler à sang pour sang

Michel Bühler (photo Vincent Capraro)

Michel Bühler (photo Vincent Capraro)

On sait qu’il ne se produira plus en scène, il l’a dit, c’est ainsi. Allait-il pour autant buller, not’ Bühler ? Que nenni, pour nous consoler, voici un nouvel album, son 21e, et c’est déjà ça, c’est bien plus que ça. Du pur Bühler, d’un artiste qui observe, s’indigne et tire à vue. Dans sa cartouchière, y a quatorze nouvelles chansons. Pas des balles à blanc, non : du rouge !

On le sait, notre Helvète voit rouge et fustige à nouveau les puissants qui organisent le malheur du monde « pour se payer des yachts et des pétasses qui vont avec ».

Je nuance. La pharmacopée L’art de Bühler procède d’un savant équilibre, d’une posologie chaque fois respectée. Il y a effectivement les sujets qui l’énervent et dont il fait des chansons. Et ces élans d’empathie et d’infinie tendresse « C’est pas parc’ qu’un mec s’est tiré / Manuella / Qu’il faut t’effondrer / Plus bouger rester là… »

Et ces gens, petites gens, « peu de prix Nobel, peu de winners au mètre carré […] N’empêche que c’est du monde, du vrai », ces laveurs de vitres et frotteurs de trottoirs, ces ignorés de tout : ces gens-là depuis toujours peuplent les chansons de Bühler, aussi sûrement qu’ils peuplent celles de son copain Vigneault.

Ici, tout est Bühler, tant que rien ne surprend tout à fait en ce disque : nous y avons nos repères, pépères. Mais justement c’est tout Bühler, qu’on aime, que même on en redemande : c’est pas à son âge antédiluvien qu’il va changer de répertoire, tenter de séduire les programmateurs amputés du bulbe, faire le tapin à The Voice. Tant qu’il aura de la voix il chantera pour dénoncer ce monde et, en creux, le réenchanter.

(pour commander cet album, cliquez sur la pochette)

(pour commander cet album, cliquez sur la pochette)

Comme beaucoup d’albums qui sortent des temps-ci, le Covid et son corollaire le confinement sont présents, difficile qu’il était pour notre chroniqueur de l’oublier : « Mais que longue est l’attente / Dans ce printemps gâché / Les journées passent lentes / Et chacun des baisers / Qu’on n’a pas pu donner / Est perdu à jamais ». Ça nous fait aussi cette autre chanson enjouée, telle une fable un tantinet cruelle : « Un tout p’tit virus, riquiqui minus / A peine un pet de travers / Il en faut pas plus pour qu’on l’ait dans l’anus / Et qu’on se r’trouve le cul par terre »

Commémore-t-il ainsi les 150 ans de La Commune, toujours est-il que Michel Bühler évoque ce « sang chaud, qui coule dans nos veines » et c’est bien cette veine révolutionnaire qu’exempt de toute neutralité notre Suisse explore. « Rouge est la couleur du sang / Sur nos drapeaux de misère ». Car l’album se nomme ainsi : « Rouge est la couleur de feu / Qui sous la cendre sommeille / Suffit d’un souffle amoureux / Pour que les braises s’éveillent ».

Voilà, c’est son vingt-et-une-ième, qu’on vous recommande. Sans blague, on attend déjà le suivant ; prudent, j’ai déjà mon titre : 22, v’là l’Bühler !

 

Michel Bühler, Rouge, EPM 2021. Le site de Michel Bühler, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Un tout p’tit virus » : Image de prévisualisation YouTube

« Rouge » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Bühler à sang pour sang

  1. Robert 20 novembre 2021 à 16 h 04 min

    Les textes de Michel BÜhler reproduits ici, sur la crise actuelle, ont un avantage : ils ne risquent pas la censure qui sévit de partout.
    On est très loin par exemple de l’engagement de Mysa avec sa « Dystopie 19″.
    Cela dit, je m’empresse d’ajouter que ça n’enlève rien à l’admiration que je porte à Michel pour l’ensemble de son oeuvre.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives