Tour de Bal : Folamour chez Brassens
« Bonheurs en Scènes » à Saint-Julien-Molin-Molette, 25 septembre 2021,
Les dragons de vertu n’en prendront pas ombrage, mais il est possible (je crois qu’il est même souhaitable) d’interpréter Brassens autrement que si c’était Brassens. Le brusquer, presque le malmener, le frotter à l’émeri, lui faire rencontrer d’autres artistes, d’autres musiques, d’autres esthétiques, presque les mutualiser. Sacrilège, vociféreront les intégristes (les intégristes ne savent que vociférer), à jamais confinés dans leurs chapelles. Je crois avoir déjà dit ne pas bien aimer ces curetons de la chanson.
S’il fallait le classer, mettez Claudy Lieggi dans la catégorie des savants fous, des inspirés tout autant que maléfiques bricoleurs de rimes et de notes. De son laboratoire secret de Wuhan, il s’ingénie à séquencer le génome des chansons. Lui ne sait rien des amours frivoles du pangolin et de la chauve-souris mais tout des apparentements coupables d’Indochine et du père Brassens. Du groupe de Sirkis comme de Goldman, d’Hallyday, de Cloclo, de Joe Dassin et d’autres stars de l’audimat.
Lieggi féconde, truffant l’œuvre du chanteur à la pipe de ces gens-là, substituant aux musiques originales des salsa, du zouk, du madison, du cha cha ou du disco, un Que je t’aime ou un Je marche seul, une Piaf ou un Vian. C’est du bricolage d’ADN, des manipulations que même un Folamour n’aurait pas su ou pas osé. Et, pour être franc, c’est carrément enthousiasmant ! Se faire un « tour de bal » avec et sur Brassens : des valses certes (Le vieux Léon ou La marine s’y prêtent naturellement) mais aussi du rock et d’autres affriolantes danses, de quoi le réveiller, lui refaire une beauté !
De tous les hommages à Brassens (très en vogue cette année, je ne sais pourquoi), le plus jouissif est celui-ci : danser sur lui, à en rendre jaloux Nougaro ! Tant qu’il faut faut à leur tour (de bal) nommerles comparses et complices de Lieggi, tous doués à l’envi : Pauline Koutnouyan à l’accordéon, Nicolas Frache à la guitare et Jonathan Mathis à la basse et parfois d’autres selon les disponibilités.
Si vous désirez un orchestre de bal pour vos épousailles, prenez Tour de bal (à la condition toutefois qu’il n’interprète pas La non demande en mariage, fut-ce sur une partoche de Sardou ou de Bruel, ça foutrait le bordel…).
Qu’Uzureau, Contrebrassens, Morel et Moreau ne m’en veuillent pas, mais je crois que le plus bel hommage, ça reste celui-là !
J’adore ce long commentaire intelligent qui défend une position musicale intéressante que je partage totalement depuis toujours , et même un peu plus depuis quelques années où les insupportables « sosies vocaux » inondent nos scènes et nos théâtres en dépréciant les artistes!
Bravo à Claude Lieggi et ses musiciens pour ce travail à la fois créatif , inventif et respectueux !
Fichtre Foutre Palsambleu ! C’est Brassens qu’on assassine !
Mais, comme il le transpirait, à une sauce bien coquine !
Le brave homme tourne et se retourne dans sa tombe,
Mais de plaisir sur ces sorties fécondes !
Cornegidouille, que j’aimerais voir tout ça de plus près… mais ce sera une fois enterré ce foutu pass sanitaire…
Un très bel ouvrage en chansons et en humanité que celui de Claude Lieggi. Hommage amplement mérité et toujours cette plume très intelligemment affûtée de l’ami Michel Kemper que je salue et embrasse au passage ! En amitié.
Bel article et éloges mérités! Quelle soirée !
Tout est dit et si bien dit… Merci Michel et Tour de Bal pour cette superbe soirée