Chroniques des jours et des soirs confinés de Léonard Lasry
Voici certainement un des premiers albums né et présenté comme tel à l’heure du confinement. Se revoir peut-être, neuf titres où l’inattendu, les heures arrachées l’inconnu, l’inédit, dessine un paysage entre certitudes d’hier, flottement d’aujourd’hui et souci des lendemains. Léonard Lasry, 38 ans, explique d’ailleurs la genèse de cet opus « intranquille » sur le registre de l’intime confronté à ce qui laisserait un moment sans voix, celle d’une pandémie et d’un arrêt sur images d’un pays et d’un monde. Ainsi le compositeur interprète prévoyait de sortir un premier EP extrait d’un nouvel album studio à venir. Les mesures de confinement ont changé brusquement la donne et incité Léonard Lasry à créer de nouvelles chansons au piano, entre quatre murs. Pari risqué, pari tenu.
Comme pour mieux saisir cet air du temps confiné et riche en émotions le compositeur a retrouvé son auteure de l’album précédent, Elisa Point, à l’écriture aussi sensible qu’ajustée à des atmosphères entre chien et loup. Se revoir peut-être, le premier titre et résumé de l’album, conjugue d’emblée ce sentiment d’un vieux monde qui a disparu. Avec ces instants où l’on relit le classique de Camus « La Peste ». Un printemps indicible, sur fond de passions, nous partage le texte, avec des gens devenus invisibles dans des rues désertées. « avec pour seul espoir au réveil se revoir, peut-être. » Sur des arrangements piano-voix le climat est à l’intime des battements de cœur.
D’autres titres sont dans le même registre, comme Dépêche-toi. En ces soirs où guettent le désespoir et la recherche de la douceur et de la chaleur humaine. « Le cœur est un chasseur solitaire prêt à tuer ses peurs dans l’espoir de plaire » assure encore de sa voix étonnamment douce Léonard Lasry. « Aucun alibi, à part la vie » lorsque le soleil s’endort pour entrer dans la nuit, une des deux chansons accompagnées à la guitare. Le dernier titre, De passage, indique le chemin des retrouvailles. Peut-être. Aller loin des évidences.
S’ajoutent à ces climats plus ou moins apaisés une chanson dressant un portrait de la ville de Naples et deux hommages à des écrivains, la romancière américaine Carson McCullers et le classique de Gustave Flaubert, «Bovary ». Le cinéma, la mode, l’art contemporain, ne sont jamais loin pour Léonard Lasry, metteur en scène à sa façon. Depuis son premier album Des illusions en 2006, Léonard Lasry offre des univers à l’esthétique singulière et confectionnés sur mesure par Élisa Point.
Léonard Lasry, Se revoir peut-être, 29 Music/Kuroneko 2020. Le site de Léonard Lasry, c’est ici.
L’album « Se revoir peut-être » a disparu de YouTube et Deezer, Mais vous pouvez vous le procurer sur Bandcamp et y écouter la chanson-titre.
Pour écouter Léonard Lasry en piano-voix, vous pouvez réécouter l’album « Après le feu des plaisirs », 2018
Dont « Avant la première fois »
Mes impressions à vif…
Léonard Lasry a un physique impressionnant, on l’imagine wiking à l’attaque, couteau entre les dents. On l’a connu avec des orchestrations rock, et même électro, le voici dans un album d’amour, de temps et de vie totalement acoustique, jailli comme une urgente vocation de l’isolement forcé, déferlement de notes de piano, parfois des notes de bossa à la guitare, voix douce et sentiments délicats, c’est une merveille pour bercer sa nostalgie… Mais n’a-t-il pas toujours balancé entre orchestration très produite https://www.youtube.com/watch?v=6ltKyJXSgQo et épure au piano-voix https://www.youtube.com/watch?v=szxfNUm6YMs (Avant la première fois, 2017 et 2018)
C’est Elisa Point qui est aux textes, Léonard aux musiques, sauf deux entièrement d’Elisa, et c’est beauté pure !
On nous annonce un prochain véritable album avec des arrangements grandiloquents… J’aime tellement celui-là, habillé d’âme…
Merci à Robert Migliorini de nous avoir fait (re)découvrir Léonard Lasry dans ce bel article.