Malzingue, la paix sur terre et dans mon verre
Si on évoque ici le groupe Dandy, nos lecteurs attentifs se souviendront sans mal de cette formation de Clermont-Ferrand. Il leur faudra désormais s’habituer au nom de « Malzingue ». Dandy s’étant pris les doigts dans la prise, le groupe auparavant plutôt acoustique a du coup changé son blase en adoptant l’électricité. Et puis, comme ils le disent eux-mêmes « Dandy faisait trop Télérama ». Au fait, que signifie Malzingue ? Marchand de vins, en patois de ce coin-ci du Massif central.
C’est d’ailleurs la pochette de ce nouvel album : un estaminet des temps anciens où on devait boire plus encore de rouge qu’à l’accoutumée.
On ne sait si les paroles des chanson furent écrites au stylo rouge et de la main gauche, mais… Mais le premier titre, Fils de gaucho, fait songer au Mon père était tellement de gauche des Fatals Picards : « On s’est coltiné deux François / Ceux qui portent des noms de rois / Puis un Jupiter maléfique / Tous méprisants de la République / Bientôt deux mille vingt deux / Et en manif on est bien peu / Mon père n’a jamais pu voir / Une vraie gauche au pouvoir ». Et comme Malzingue insiste, une autre chanson est consacrée à François, celui des sans dents : en fait un titre sur ces syndicalistes d’Air France licenciés pour une chemise arrachée.
Politique et pinard, me direz-vous. C’est qu’à bien écouter ces chansons, c’est à peu près ça, le rouge du jus de la treille se mariant bien avec celui des calicots. Que voulez-vous, le groupe de Damien Chabanal (c’est lui qui écrit les textes) ne semble pas savoir voter autrement. Ici on chante le verbe haut sur Baba Traoré, sur ceux qui accueillent les migrants. Avec l’envie de « voir les gros cons / ceux qui pensent qu’au pognon / partager leur salaire / à tous les frères de misère ». Et, bien sûr de « déguster / les vins dont j’ai rêvé / de les faire partager / à mes potes de troquets » !
Le groupe s’est électrifié, disent-ils. Oui, manifestement, mais pas au point de diluer leur propos, de le rendre inaudible. C’est de l’électro soft, qui souvent fraye avec l’acoustique et l’accordéon. Et vous fera valser comme dans Les beaux dimanches.
Je vous dis ça parce que c’est vraiment un joli disque, d’un groupe loin d’être dégagé. Des propos de bon sens, de partage, de luttes et d’apéros. Qui plus est censé. La preuve : « Pour être en paix avec moi-même / Je devrais buter mes voisins / Qui écoutent Sardou le matin / Mais quand je vois ma voisine, sa jolie bobine / Je la mets en sourdine ».
Malzingue, Pour être en paix avec moi-même, autoproduit/Inouïe distribution 2020. Le site de Malzingue c’est ici (on y commande le disque) ; ce que nous avions dit de Dandy, c’est ici.
En ces temps confinés, se procurer un tel disque ne peut passer que par l’achat par correspondance. Vu de ce que nous savons des conditions de travail des salariés d’Amazon, sans aucune réelle protection mise à leur disposition contre le Covid19, nous vous encourageons à vous priver de cette enseigne, déjà peu encline au strict respect du droit du travail, encore moins aux avancées sociales.
Merci Michel Kemper pour cette belle chronique qui ravit l’auteur de Malzingue.
Super article ! Merci Michel.
Le lien pour acheter l’album: https://www.paniermusique.fr/accueil/4340-pour-etre-en-paix-avec-moi-meme-malzingue-3760301211242.html