Verdée, la lumière promise
Au printemps dernier nous vous présentions la personnalité originale de Verdée : « une artiste touche-à-tout, venue du jazz, de la bossa et de l’électro, à l’univers tout à la fois ancré dans l’éternité et résolument moderne. »
Verdée fait sa récolte de sons dans la nature, frappe les pierres, saisit le clapotis du ruisseau, gratte les écorces ou les pommes de pin, cogne à pleines mains la planche de bois qui bat comme un cœur, et même sa voix percute, taladam, pour faire monter Le cœur et la sève, « laisser les certitudes s’éloigner du corps / Marcher vers l’horizon, s’abandonner au sort ». Ce sont les graines qui lèveront. Puis, parfaitement contemporaine, les triture au clavier, au synthé Moog, à la boîte à rythme. C’est avec générosité qu’elle nous dévoile cette patiente quête de sons.
Sur la couverture de cet album, Katia Goldmann a choisi de s’appeler Verdée, pour le nom à l’ancienne, féminin, ancré dans la nature. Poète griotte, un peu chamane, mère mystérieuse et souveraine, elle nous guide dans la savane menacée, empourprée, brandissant un fumigène. Son épaule droite est protégée par une sorte d’armure en osier qui lui donne un air d’amazone. La prêtresse semble à même, par ses inquiétudes même sur le sort de notre monde, de nous protéger du mal qui nous gagne : « L’empire s’empare / Le monde empire ». La voici qui exorcise le loup qui est en nous, cherche, Petite machine nostalgique, la beauté du hasard. « Les millénaires sont passés / L’histoire ancienne est dépassée ».
Seul ou en binôme avec Verdée, qui est en sorte le chef d’orchestre, Edouard Perarnaud trouve les mots qui expriment cette quête, cet engagement, cette crainte : « Atome vengeur / Où brûleras-tu enfer / Toi sombre matière / Atome incendiaire ». Ensemble ils s’inquiètent de la disparition du Dernier de ceux : « Je suis le dernier des dieux debout encore / Le roi-animal / J’ai fui les pièges et les balles / Mais pourquoi l’envie toujours plus avide / Les larmes désormais arides / Ravagent plus que le temps ». Ils sont forts d’être différents, ensemble, tels des Fugitifs : « Donne-moi toujours la même flamme / Donne-moi ta peau » qui se rêvent toujours Reine et roi. Même quand l’amour [est] en défaillance, même quand il ment.
Ce n’est pas par hasard que Verdée a travaillé avec Dominique Brusson, le réalisateur de Dominique A, pour lequel elle eut ce coup de cœur, avec Rendez nous la lumière, « Rendez nous la beauté / Le monde était si beau / Et nous l’avons gâché » qui préfigure son propre message. Ce rythme, ces chœurs à bouche fermée qui nous portent, ces silences, ces urgences, cette voix à la fois douce, tellement douce, et ferme, celle d’une femme sur qui l’on peut compter pour vous guider, qui nous enjoint de marcher vers nos rêves : « Dans nos pas / Se lèvera un jour sans roi / L’armée de joie ». Suspension.
Verdée, Dans nos pas, Le jour qui vient (2020). Le site de Verdée, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
En concert le 30 janvier 2020 aux Trois Baudets à Paris 18eme, invitée par Mira Cétii, qui présente son album Cailloux et Météores. Ecoutez « Ce que les étoiles commettent ». Sortie d’album officielle de Verdée le 20 juin 2020 au Café de la Danse.
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