François Budet, 1940-2018
L’ankou est encore passé par là. Et a cette fois fauché François Budet. Si vous êtes des terres intérieures, vous pouvez ne pas connaître Budet ; si vous êtes de Bretagne, vous n’avez pu, à un moment ou à un autre, lui échapper, à lui ou à une de ses chansons. Ainsi Loguivy-de-la-mer, un classique breton, une de ces chansons qui ont le sort enviable d’entrer dans la patrimoine immatériel d’un lieu, d’une région, de nos têtes ; de le rester bien après la mort de son créateur, bien après même que son nom s’estompe puis disparaît. Sans être la chanson d’une vie, celle-là est entrée en résonnance avec des dizaines de milliers de vie : les nôtres. Et gagne l’immortalité.
François Budet, arrivé en chanson à l’âge de vingt-cinq ans (son premier album ne sortira que huit ans plus tard), est l’auteur d’une dizaine d’albums. NosEnchanteurs avait chroniqué récemment son onzième, arrivé sur le tard, après treize ans de silence discographique, enregistré sur la tendre insistance de ses enfants, dont sa fille Julie, elle-même chanteuse sous le pseudonyme de Yelle.
Le succès, l’importance de Loguivy-de-la-Mer nous rappelle une autre chanson qui partage un semblable destin, Marie-Jeanne Gabrielle, du breton Louis Capart. Capart qui, dans Le Télégramme, dit aujourd’hui de Budet : « C’était un chroniqueur de son temps. Et si ses tableaux pouvaient parfois sembler nostalgiques, parce qu’ils s’inscrivaient dans une époque donnée, ses chansons étaient aussi portées vers le progrès et l’avenir ». Sur sa page facebook, Louis Capart dit encore : « Permettez que je garde un peu le silence. Difficile d’écrire quand les larmes coulent sur le clavier. Il faisait partie du petit cercle de mes vrais amis. Et aussi, chanteur, des rares dont l’œuvre prolongera sa présence parmi nous… et au-delà. »
Budet étaient de ces humbles artisans de la chanson, pas de ces stars à l’affut d’un dérisoire succès. Comme un sculpteur, un peintre ou un ébéniste, un maçon même, il fabriquait des chansons en construisant une œuvre modeste et sincère, attentive aux autres, qu’ils soient de Plaine-Haute, où il est né et résidait encore, de Loguivy-de-la-Mer ou d’ailleurs. Sa disparition ne bouleversera pas un métier qui l’ignorait, mais peinera sincèrement qui s’intéresse à la chanson. Il ne sera jamais trop tard pour découvrir Budet par ses chansons.
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