VioleTT Pi, ça dépote !
Liège, Le Hangar, 7 décembre2017,
Oyez oyez les amateurs de chants sereins, les aficionados de ritournelles finement (ri)tournées, les friands de chanson française qui ne jurez que par Barjac : les lignes qui vont suivre ne vous concernent pas directement !
C’est à Liège, dans le joli lieu si accueillant que constitue le multi-fonctionnel Hangar (expositions, concerts, ciné-club…), qu’il m’a été donné de revoir le groupe de rock le plus barré de la chanson francophone.
En droite ligne du Québec, concentrée autour du chanteur-tête pensante Karl Gagnon, la formation se nomme VioleTT Pi. Le ton est donné dès leur entrée en scène : un batteur dans un joli costume rouge de lutin du Père Noël (c’est de circonstance), un guitariste revêtu d’un long peignoir et d’un juste-au-corps moule-bite du plus gracieux effet, un bassiste-synthé presque normal dans sa tenue néo-hippie, un chanteur en short coloré et tee-shirt à la gloire de Samsung. L’éclectisme de l’équipage est à l’image de ce qu’ils proposent : de la chanson punk-rock foutraque qui part dans tous les sens, mais non dénuée de second degré. Une heure de concert sans temps mort, sans bla-bla entre les morceaux (le leader nous a avertis : « Je n’ai rien à dire en général et ça continue ce soir »), mais avec de l’énergie débordante et du speed à foison.
J’avais eu l’occasion de les découvrir en 2014 aux Francofolies de Spa. Voici ce qu’en j’en avais écrit alors : Bienvenue dans un monde bizarre, où les chansons sont déconstruites et quasi bruitistes, avec un chanteur qui passe de la voix de fausset au timbre le plus profond en passant par des grognements et halètements divers (tout ça dans la même chanson !). Comme il y a du free jazz, on peut dire qu’on avait affaire à du free rock. Du Zappa des années 2010. Le concert était totalement énervant et imbuvable par certains aspects, mais fascinant pour d’autres morceaux. Une expérience à vivre, pour esprits curieux et avertis.
J’ai retrouvé en 2017 leur folie intacte, mais probablement mieux canalisée, les chansons proposées s’avérant davantage mélodiques. Certes, les ruptures de ton sont incessantes, les disharmonies constantes, les variations dans le chant continues. Mais tout cela est mis au service de chansons pop-funk-grunge plus soutenues, à la ligne mélodique plus marquée, qui rend l’ensemble plus plaisant. Assagis, les VioleTT Pi ? Nous n’irons pas jusque-là. Juste peut-être un petit pas vers le plus grand public.
Gros nounours qui se dandine derrière son micro mais doté d’une barbe de flibustier paré à l’abordage, le chanteur est le compositeur des morceaux et l’auteur de tous les textes. Le concert n’est évidemment pas le meilleur endroit pour apprécier cette poésie brute, parfois absconse mais pleine d’images. Le CD s’imposera donc pour une découverte poussée (voir encadré).
Oyez oyez les pogoteurs en herbe, les tapeurs de pieds, les secoueurs de têtes, les pourfendeurs de rythmes mous : une nouvelle tasse de thé noir et épicé vous est offerte avec VioleTT Pi. Du grunge en français, ça vous changera un peu.
Le site de VioleTT Pi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
ET AUSSI : KOUZY LARSEN, LEGER ET L’OUD
Avant la déferlante canadienne, le rock mélodique de l’artiste bruxellois Kouzy Larsen nous était proposé. Entouré de 2 guitares et d’une batterie, le chanteur s’accompagne à l’oud électrique, donnant à ses chansons un son oriental bien agréable et sortant des sentiers battus. Tout sourire, il nous a régalés de ses jolies histoires positives, nous exhortant à ne pas perdre de vue ces moments qui nous rappellent qu’on est vivant. Gainsbourg n’est pas toujours très loin (auquel il rend par ailleurs implicitement hommage, regrettant dans un morceau de n’avoir pas vu New York-USA), tandis que le morceau plus grave sur les morts au printemps (dans les attentats qui ont endeuillé la capitale belge) peut évoquer Bab’x. Un CD devrait prochainement voir le jour, nous y reviendrons donc en temps utile. Le site, c’est ici.
« Fer de lance » clip animé 2017
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