Claude Astier, mort en 2017
Claude Astier a joué son rôle, comme il jouait du violon, avec rigueur et déraison. On ne disait pas « le professeur Astier » parce qu’il avait enseigné l’espagnol, mais parce qu’il apprenait la vie à ceux qui se seraient contentés de la subir. Guitariste tzigane avec des gitans, fabricant de bijoux, cailloux, joujoux, chanteur d’horreurs, donneur de joie, inventeur du glaucoscope, écriveur de tout et même d’autres choses, il a tout tenté pour nous montrer que la vie n’est pas noire ou blanche.
Au lieu de mettre son génie au service des causes dites utiles, il l’a semé à la volée dans les jachères et les terrains trop vagues. Sans prosélytisme, sans prose élitiste, simplement inspiré par une négligence de circonstance, comme on soupire ou comme on pète.
Ses chansons sortent de la fange où nous vivons sans vouloir la connaître. Le musée des horreurs, le placard de Barbe-Bleue, la trappe d’Ubu, les poubelles de notre bonne conscience sont ses réserves. Il les habillait avec grâce dans les mots les plus fins et aussi les plus gros. Ceux-ci ne lui faisaient pas peur. Rien n’entravait son énorme potentiel verbal, sinon les règles de l’esthétique et de l’efficacité. Le professeur possédait une solide maitrise du vocabulaire et de la syntaxe. Pornographe à l’occasion, scatologue occasionnel, mais dandy de la prose et des vers, il était volontiers grossier sans jamais être vulgaire.
Dilettante professionnel, il a cependant enregistré cinq albums, le plus souvent avec la complicité musicale des frères Sakarine (Jean Baptiste Laya et Patrick Fournier) et vocale de Dominique Mac Avoy. Il animait depuis 2006, au Connétable, à Paris, Le Cabaret du Grand Toxique, invitant de nombreux chanteurs de tous poils et de sexes variés, afin de les croquer vivants dans un recueil truculent au titre implacable : Portraits de Chanteurs.
Peut-être notre siècle ne le méritait-il pas ? Il est parti sans crier gare, sans coup férir, voir s’il y a quelque chose sous la robe des anges, pour changer des turpitudes de ce bas monde qu’il a si bien observé. Et il nous laisse là, comme des cons.
Putain, Astier, tu fais chier !
Le site de Claude Astier, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Une cérémonie aura lieu sous la coupole du crématorium du Père Lachaise jeudi 17 août à 15h30, 71 rue des rondeaux Paris 20ème
Métro Gambetta
Astier c’est mon frère, mon poto, mon ami de toujours depuis le jour où il faillit m’écraser avec sa 4L pourrie, rue des Cordeliers à Aix en Provence en 1974
8- GLAUCASTIER (3/4)
Paroles & musique : Richard DAUMAS, inspiré par Claude ASTIER
Connaissez-vous Glaucastier
Le gourou des névrosés
Qui branle de la carafe
Le seul mec qui se dégrafe
En public
Il sévit toutes les nuits
Dans les coins
Les plus pourris
Armé d’une manivelle
Il poursuit les contractuelles
En civil
Les coinçant dans les rues sombres
Et dégrafant la languette
De son étui à violon
Il leur fait cette chanson
Perverse
Je suis Glaucastier
Le roi du violon entier
Je gagne mon ciel
En chantant sur les contractuelles
Je suis le vengeur
De ceux qui ont dépassés
L’heure
Pour compenser
Leur déprime
J’persécute
Les aubergines
Mais s’il n’y avait que ça
Je ne vous en parlerais
Même pas
Sa valeur et tout son charme
Qui fait que partout
On l’acclame
A grands cris
C’est qu’y a pas plus
Dégueulasse que lui
Dans toutes les strasses
Il sait parler au public
De bouffe de cul
Et de fric
C’est chouette
Au goûter des petits vieux
Il passe pour le bon dieu
Les bonnes sœurs
L’aiment bien
Quand il leur fait le coup
Du crincrin sauvage
Je suis Glaucastier
L’ dieu du hachis Parmentier
Je suis le chanteur
Qui remplace
La motte de beurre
Je vous fais rêver
Et si j’ai tant de succès
C’est que vos esprits débiles
Ont un ultime orgasme
Sénile.
La la la la la…..
Astier, un chic type bourré de talent(s).
Rencontré dans les années 90, souvent croisé au Forum Léo Ferré où il n’hésitait pas à venir encourager les copains et partager le verre de l’amitié…puis lors d’une tournée en Savoie avec Jean-Pierre Réginal, co-plateau étonnant et détonant sur scène et grande complicité à la ville.
Astier, un chic type bourré de talent(s), charmant, discret et généreux camarade.
Salut l’artiste !
Votre article est un très bel hommage à un grand Homme, et un artiste unique !
Grand souvenir de scène que cet homme dégingandé à l’humour grinçant et décalé… un personnage !
Une soirée Claude Astier est prévue au Forum Léo Ferré le 10 mars 2018 à 20h30.