Néons colorés pour Octave noire
Dixit Wikipedia, une octave est l’intervalle séparant deux sons dont la fréquence fondamentale du plus aigu est le double de celle du plus grave. Oui, moi aussi, ça m’a fait cet effet-là, entre hébétude, incompréhension profonde et solitude !
Je serais donc bien en peine d’expliquer pourquoi Patrick Moriceau a décidé de se donner comme nom d’artiste Octave noire (l’adjectif, lui, fait référence – je suppose – à sa naissance en Afrique). Serait-ce pour marquer le caractère avant tout musical de son projet ? Car, sans vouloir faire injure à ses talents de parolier, s’il est certain que l’écoute de son premier CD Néon laisse dans l’esprit un agréable souvenir, c’est dû davantage à ses ambiances symphoniques qu’à l’écriture de ses textes.
Or donc, voici un très bel album qui s’offre à nous. Le compositeur est doué, l’arrangeur ne l’est pas moins. C’est de la musique électro, mais pas de celle qui vise à se faire trémousser dans les dance-floors en multipliant les bpm. Nous nous situons plutôt dans l’ambient, dans les envolées de violons, dans les nappes de claviers. Le cinéma et ses échappées belles n’est jamais loin. Installez-vous confortablement, détendez-vous, le voyage va commencer…
La première étape est à elle seule tout un programme, puisque la destination n’est rien moins qu’un nouveau monde. Morceau d‘ouverture qui donne tout de suite le ton : paroles minimalistes répétées jusqu’à l’évidence (Cent millions d’années / Une seconde / Une éternité / Pour faire un monde / Cent millions d’années / Une seconde / Une éternité / Un nouveau monde) sur un lit de synthés, batterie et boîtes à rythmes, avec une mélodie qui va crescendo et vous emporte au son des violons. Puissant et imparable.
La suite sera à la hauteur : La sainte nuit est un hommage au Gainsbourg de Melody Nelson (et ses guitares reconnaissables entre toutes), Belem Belem nous invite à partir pour le Portugal dans des chœurs retentissants, My hand in your hand tisse délicatement sa mélodie sur une variation du Temps des cerises, La neige en été nous ramène au temps des synthés de Jean-Michel Jarre et Sur un tube disco fait monter la pression comme à la belle époque évoquée… Bien sûr, la voix et le chant de l’artiste évoquent irrésistiblement Alain Chamfort (c’est flagrant sur certains morceaux comme L’envol…), mais comme il y a pire comme influence, pourquoi s’en plaindre ?
Octave noire pose ici les premiers jalons d’un univers séduisant, qu’il défend par ailleurs sur scène dans une formule à trois, qu’on peut supposer plus musclée. Il s’inscrit dans la lignée d’artistes que l’emphase musicale n’effraie pas. D’aucuns pourraient trouver le gâteau un peu lourd, mais les amateurs de lyrisme – dont nous sommes – tomberont sans résistance sous le charme. Parions que les seconds seront bien nombreux.
Octave noire, Néon, Yotanka/[pias] 2017. Le site d’Octave noire, c’est ici.
Il va falloir que les « soit-disants » programmateurs se posent la question de leurs compétences auditives. Existe-t-il des prothèses, des implants pour pallier ce type de carences ? J’aime ce climat, ces textes, ces mélanges acoustique & electro. Ca vit, c’est vivant. Loin de tous ces artistes à la recherche d’un « look » vocal.
De la belle ouvrage. des mélodies, du groove et tout au bout le coeur et l’émotion… presque laméditation et les larmes…
Merci à FIP malgré tout
Les programmateurs, je ne sais pas, mais l’académie Charles-Cros, elle, les a repérés.