Ben Mazué : comme un goût d’inachevé
Centre Culturel de Huy, le 9 novembre 2016,
Nous avions quitté Ben Mazué il y a peu de temps : en juillet encore, il brûlait les planches de Barjac avec le spectacle qui avait suivi son album 33 ans, dont NosEnchanteurs vous a bien évidemment rendu compte.
Et le revoilà déjà ! Pas avec un nouveau CD, annoncé seulement au printemps 2017. Mais avec un show tout frais, tout beau, tout neuf, dont le public hutois aura essuyé quelque peu les plâtres puisque il s’agissait de sa deuxième représentation seulement.
Comme pour le précédent, le spectacle mêle chansons (anciens titres et inédits qui seront sur sa prochaine galette) et théâtre-stand up. On y cause autant que l’on y chante, si pas plus. Le titre ? La princesse et le dictateur. On dirait du cinéma ? C’est voulu, puisque c’est en fait le titre du film qui nous sera montré ce soir. Un film mettant en scène un certain Vincent, venu nous conter ses histoires de cœur et de couple, qu’il forme avec Romy. Ou ses déboires familiaux (une ultime fête dans la maison familiale réunissant le papa, les deux soeurs, une amie et d’autres encore…). Vincent qui est lui-même fan de Ben Mazué et qui va l’applaudir à Bercy ! Un grand écran meuble le fond de la scène mais aucun film n’y sera pourtant projeté, juste le générique, des images et des dessins. Simplement, quand l’artiste se colle à l’écran, c’est qu’il joue Vincent. Quand il revient sur le devant de la scène, il redevient Ben Mazué. Lequel ne se prive d’ailleurs pas de commenter le film qu’il vient d’interpréter. Ce n’est pas clair ? Rassurez-vous, dans la salle, ça l’est parfaitement !
Pris dans un chassé-croisé entre la fiction (mais ce Vincent a l’air de tellement ressembler à Ben qu’on ne peut qu’opérer une identification) et la réalité du spectacle (car oui, il s’agit avant tout d’un tour de chant), le spectateur passe de l’un à l’autre avec délice. Le chanteur, souriant et détendu, nous met d’emblée dans sa poche par le lien qu’il crée avec le public, en l’incluant dans l’histoire par ses interrogations ou ses explications. Le récit est plaisant, comme nous amusent les clins d’œil et la distanciation permanente (Ben Mazué nous refait le topo à plusieurs reprises, pour bien s’assurer que l’on suit toujours !). Rien à redire non plus de l’accompagnement de Robin Notte aux claviers, pas plus que des nouvelles chansons du spectacle, dont la première écoute nous aura permis d’apprécier la sensibilité.
Pourtant, la machine va se gripper sur la fin, quand l’histoire d’amour entre Vincent et Romy devient plus floue, à l’instar des chansons l’illustrant alors. Cela se termine même en eau de boudin, après seulement une très petite heure, par un final abrupt qui laisse totalement le public sur sa faim. Pour malin qu’il soit, le dispositif scénique montre là ses limites, nous laissant l’impression d’avoir davantage assisté à un « work in progress » qu’à un spectacle abouti, prêt à démarrer sa tournée (ce qu’il est pourtant !). Dès lors, pour retirer de la bouche des spectateurs le goût de peu qui s’y était immiscé, Ben Mazué n’a guère d’autre choix que d’interpréter des chansons plus anciennes (Vivant, La valse…). Celles-ci permettront de dissiper le nuage de contrariété, sans masquer cependant l’impression tenace qu’elles font office de bouche-trous. Soyons justes néanmoins : le public quittera la salle le sourire aux lèvres, le capital sympathie de l’artiste restant intact.
Un spectacle en demi-teinte par conséquent, prometteur mais qui, à notre sens, doit encore être travaillé. Oserions-nous dès lors vous conseiller de le laisser mûrir un peu avant de vous y précipiter ?
Le site de Ben Mazué, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Pas de vidéo encore sur ce spectacle bien trop récent. Par défaut, on en tire une de quand il avait « 35 ans » :
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