Pouvoirs, pour (re)voir ce Lavilliers-là
Bernard Lavilliers, Pouvoirs, Palais des Congrès de Nantes, 24 septembre 2016,
Beaucoup d’articles de presse, de télé et de radios, pour annoncer cette mini-tournée de sept dates (c’est ici la troisième) de Bernard Lavilliers, qui reprend des titres de son album de 1979 encore cruellement d’actualité : Pouvoirs. Il y a le disque, tout juste réédité. Et le concert, auquel nous avons assisté. Pour voir…
Le concert débute pile à l’heure, sur La peur, version intro. En un seul bloc, comme sur disque, les cinq chansons de cette thématique du pouvoir. Pas vraiment propices pour un échange entre l’artiste et la salle. Début de concert glaçant, le sujet y est pour quelque chose mais pas que… Juste avant Urubus, Lavilliers salue enfin son public. Et ce sont les autres titres de cet album, mais sans Bats-toi, ce titre rock si entrainant…
Pourquoi ne pas ajouter des percussions (qu’on entend sur l’album d’origine) à ce concert, qui le rendrait plus agréable ? Le son, habituellement très travaillé chez Lavilliers, n’est pas au top. Sur le côté de la scène, je ne l’ai pas en stéréo, c’est bien dommage.
Dès Les aventures extraordinaires d’un billet de banque et État des lieux, nous retrouvons ce que nous connaissons de l’artiste, et l’humour pour présenter la chanson : « Ne te moque jamais des riches tu ne sais pas ce qui peut t’arriver… »
Le regard fatigué mais toujours si criant de vérité, le chanteur Bernard Lavilliers se déplace enfin sur scène. L’ambiance fédératrice et multi instrumentale ressentie habituellement manque un peu. Pourtant le concert recèle de très bons morceaux, de belles surprises rarement jouées sur scène, jamais donc entendues par certains fans, comme ce Faits Divers de 1991. Une chanson elle-aussi dans l’actualité du moment.
Peu d’échange avec les musiciens (Daniel Romeo à la basse, Mickael Lapie à la batterie, Xavier Tribolet entre autres à l’orgue Fender et à l’accordéon, Olivier Bodson aux trompette et guitare…), moins présents à l’avant scène que d’habitude, qui font plutôt un à un leur solo en cours de chansons. Est-ce pour cela que lorsque retentissent les premières notes de guitare de Stand the Ghetto le public ne se lève pas ? C’est pourtant un bon reggae.
Nous arrivons en fin du concert et, malgré les débuts glaçants, les rythmes entraînants se suivent, issus de nombre d’albums confondus, et nous avons pas vu le temps passer ! Les effets de lumière sont toujours très beaux et vivants (chapeau à Chapot). Pris par l’émotion, Lavilliers peine à présenter Les mains d’or, à terminer l’évocation de son père, parti récemment, « rejoindre le paradis des syndicalistes ». Nous retrouvons l’humain que nous apprécions, attachant, ayant des convictions, des batailles « dés-engagées » comme il l’a précisé lui-même dans une interview ce week-end.
Bernard remercie tous les « très bons » musiciens ainsi que ses compagnons d’antan, François Bréant, Mahut et… Pascal Arroyo, présent ce soir là dans la salle et très applaudi !
Pour sa dernière et son anniversaire en octobre à Pleyel, nous pouvons espérer plus de grandeur et d’énergie, entre chanteur, musiciens et invités (surprise). Peut-être alors y entendrons-nous Bats-toi dans une version inédite ? Pour le reste, pour de nouvelles créations, il nous faudra attendre mars et les concerts qui suivront la sortie du prochain album pour lequel, indiscrétion recueillie par NosEnchanteurs, Pascal Arroyo compose actuellement deux titres. Lavilliers revient-il à ses anciens complices, ses anciennes amours ?
Le concert s’achève à nouveau avec Est-ce ainsi que les hommes vivent, traversée d’émotion de part et d’autre de la scène. C’est à ce moment-là qu’on se jure ne jamais se lasser de venir l’écouter !
Le site de Bernard Lavilliers, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. L’album photo Lavilliers de Vincent Capraro, c’est là.
La face A d’origine sur le vinyle de 1979, enregistré en un seul morceau de 17 minutes, d’où le parti pris qu’il a eu de le chanter ainsi : https://www.youtube.com/watch?v=mR0OWu3jSd4
Et une version live plus récente de La peur:
https://www.youtube.com/watch?v=aSvZA8jzdJw
La parenté avec Léo Ferré est patente.
Les reprises de l’album sont superbes, chacune vraiment interprétées de façon personnelle.