Romtom, subtil homme du monde
Un premier album qui commence par l’histoire d’un vendeur de roses n’est pas si banal que cela pour un jeune artiste masculin «Ça a besoin d’amour et de prose / De jour et d’une dose / De cieux. »
Bercé de chanson française, de jazz et de sonorités afro-brésiliennes (c’est un spécialiste de la capoeira), pianiste dès l’enfance, ce jeune avocat, plutôt que de défendre des prévenus, a choisi de défendre la musique en chantant dans le métro et les cafés-concerts.
Cela donne une musique voyageuse riche, rythmique, cohérente dans sa variété, mêlant aux instruments acoustiques, cordes, percussions, clavier, beat box, sons samplés dans l’univers de la chanson française et world, tendance jazz mâtinée de hip-hop.
Lui-même est multi-instrumentiste, jouant en virtuose de la guitare à la Rodrigo y Gabriela, accompagné le plus souvent d’un contrebassiste. Son pied droit, déshabillé de sa basket beige, est agile au synthétiseur.
Des chœurs de jeunes femmes entre Joan Baez et Natasha Atlas vous emportent dans les nuages. La voix particulière, douce et un peu nasale, flexible, capable par moment de monter très haut dans les aigus, est vite addictive.
Déjà on sent qu’on va être entraîné dans un monde différent, envoûtant album en boucles textuelles comme musicales créées à la loop-station (pédales de boucles) « Tu me dis / Que la boucle est bouclée…On tourne en rond / comme des cons. »
« Une frénésie, une démesure » qui vous tourne dans la tête…en boucle, dans une course effrénée vers le bonheur.
Son écriture est affûtée et originale, son univers urbain et intime, du Francilien où naissent des histoires d’amour entre un chevalier sauveur de rames et sa dulcinée, au Maistrop souvenir de son passage underground, enregistré dans le métro en prise directe, où il use de belles sonorités : passe, pousse, casse, trame, rame…en réponse aux sons ambiants enregistrés.
La tonalité gaie et colorée de son œuvre (il a écrit et composé l’ensemble des titres) n’empêche pas les interrogations sur l’humanité et l’absurdité de notre vie moderne, décrites avec délicatesse et humour : dans L’anesthésie, celle, volontaire, des sentiments, ou dans l’amusante Panurge coécrite et interprétée avec son ami DjeuhDjoah, le chanteur de Douala dont la belle voix grave répond bien à la sienne. Et puis cette originale composition sur le syndrome de Gilles de la Tourette, Je crie.
Laissons conclure Mon amie Félicité : « Dama beug mbekté » ( Je veux du bonheur).
Romtom, Mise en boucle, autoproduit 2016. Le site de Romtom, c’est ici.
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