Barjac 2016 : la programmation (l’an 01, l’ère Barens)
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Aux « Chansons de parole » (marque déposée en catastrophe à son départ par l’ancien directeur artistique Jofroi) succède donc la « Chanson de caractère » censée définir au mieux ce qu’est et sera le festival de Barjac 2016 (le 22e, le 21e ou carrément l’an 01 selon l’Histoire qu’on daigne prendre en compte), ce Barjac m’en chante (c’est le titre officiel du festival) qui pourrait bien le faire.
Au premier abord, la subtilité sémantique ne crève pas les yeux et ne devrait pas gêner les habituels festivaliers qui ne verront dans cette programmation que de menus changements dans la continuité : Barjac est un long fleuve tranquille peu propice aux tsunamis.
L’esprit pourtant diffère. Comme si la Chanson daignait enfin descendre de son Olympe un rien prétentieux et péremptoire (Barjac est célèbre et caricaturé pour ça, parfois à outrance) pour simplement s’offrir dans son renouvellement et sa diversité, sa candeur, son humilité : « mêler aux héritages la modernité, faire se croiser les générations » est le credo de Jean-Claude Barens et de Jean-Michel Bovy, respectivement directeur artistique et président du festival. Barjac semble ne plus vouloir être cet écomusée, cette réserve protégée. Ça redevient simplement un lieu de rencontres et d’émulation, sans mystères ni orthodoxie. Ce n’est plus le lieu des certitudes – de celles qui parfois peuvent nuire à la chanson – mais de réflexion sur sa réalité, sur son devenir.
Sur les vingt-deux artistes ou groupes programmés tant sous le chapiteau qu’au château, dix-huit sont à ce jour inédits à Barjac. C’est le renouvellement, la sortie du purgatoire pour beaucoup d’artistes qui avaient perdu depuis longtemps l’espoir d’y accéder ! Rajeunissement aussi : ce sont les quinquas, les quadras et plus jeunes encore qui feront Barjac cette année : la moyenne d’âge des artistes a baissé, tant que les doyens en seront cette année Michèle Bernard et Romain Didier. Et la cadette Zoé Malouvet.
Pas un seul artiste issu d’un quelconque partenariat, encore moins de renvoi d’ascenseur : la programmation est franche. Et affranchie de tout discours prétentieux. A bien y regarder c’est bien plus qu’une révolution de palais au Château. Barens désacralise Barjac. Y être programmé était le Saint-Graal. Il devient plus modestement un passage à tous utile dans le parcours des artistes. Il ne leur sera plus désormais qu’une étape, certes importante, mais plus une fin en soi.
C’en est fini d’une esthétique étriquée, d’une norme sévère et non écrite : c’est ainsi que la chanson d’humour, hier encore méprisée, boutée hors des murs (sauf quand il s’agit de Boby Lapointe ; comprenne qui peut), retrouve son droit de cité : Wally et Vincent Roca arpenteront à leur tour la grande scène. Il était temps de se dérider les neurones, de ne plus se prendre au sérieux.
De façon générale, ce sont toutes les nuances de la Chanson, celle qui a peu ou pas accès aux grands médias, aux grands festivals, qui (re)trouvent ici le droit d’exister. Eric Mie, Valérie Mischler, Fabien Bœuf, Philippe Guillard, Marie Baraton, Ben Mazué, Eskelina… la Chanson est dans tous ses états.
De nouveaux rendez-vous seront organisés pour aller plus loin dans la découverte, pour parler aussi autrement de la chanson avec des intervenants prestigieux aux regards parfois différents. Si telle ou telle personnalité vient, à 11 h 11 (titre de ce nouveau rendez-vous), vous entretenir du concert qu’elle a vu la veille en votre compagnie, ne soyez pas plus étonnés que ça. Barjac risque de vous surprendre agréablement…
Plus de reprises (que Jofroi disait refuser mais favorisait tout de même). Sauf (mais en est-ce encore ?) par Philippe Torreton qui viendra non nous chanter mais nous dire Allain Leprest.
Fini la petite phrase (souvent tirée d’une chanson) en guise d’énigmatique slogan qu’on décline en cartes postales et tee-shirts : Barjac n’est plus une communauté aux rites singuliers. Plus de repli sur soi mais la volonté de s’ouvrir, d’attirer aussi les barjacois, témoin un premier spectacle jeune public : la prétendue extra-territorialité de ce festival prônée hier encore au seul prétexte d’une très haute idée de la Chanson en prend un coup dans l’aile. C’est une bonne chose.
La page facebook du festival « Barjac m’enchante », c’est ici (attention, le site « Chansons de parole » n’est plus celui du festival).
Je jolies choses dans cette programmation et des choses à découvrir. C’est bien. Une inquiétude cependant quand je lis « Plus de reprises »…… (sauf Torreton cette année). Est-ce un choix posé dans la ligne éditoriale du Festival ? si c’est la cas, je trouve cela regrettable. En effet, si je comprends qu’un festival ne peut pas se construire uniquement autour des artistes interprètes et que la création doit être mise « en avant », il existe cependant quelques très bons artistes qui défendent les répertoires dans de très bons spectacles, pour la mémoire, pour ne pas laisser les répertoires « mourir » avec leurs créateurs, pour leur donner une seconde vie. Et leur fermer la porte (comme c’est le cas dans d’autres festivals) me semble très injuste.
Une révolution ? faut pas exagérer tout de même !!! diversité oui ! différences oui !
Je ne pourrai pas être présent cette année, cause plus possibilités d’avoir des vacances à cette époque !!!
Est-ce que cela atténuera pour autant les commentaires » un tel méritait mieux de passer au château qu’ une telle !!!
N’oublions pas que les autres années, il y avait à découvrir aussi !!!
Les avis étaient partagés et il y avait débat aussi !!!
Il faudrait davantage de festivals de cette trempe !!!
bonne chance et longue vie à la nouvelle équipe, mais j’ai des pensées émues pour JOFROI et Anne Marie !!!
I l y a des recréations exceptionnelles autour d’artistes disparus et encore vivants !!!
Et la mémoire, les passeurs des poétes, des COUTé, DIMEY etc ..???
Putain ça sent le règlement de compte. Comme si tout ce qui a été fait avant était juste bon à mettre à la poubelle. J’irai à Barjac cette année. Avec plaisir. Mais merde quoi.
S’il y avait réglement de compte, ce serait je pense avec d’autres arguments, José. Il y a à l’évidence un autre esprit qui anime cette nouvelle édition de Barjac, un esprit en partie en réaction avec ce qui a pu se faire dans le passé. Dire que nombre d’artistes y étaient de fait interdits ce n’est pas une accusation : c’est une constatation. Qui a dit que ce qui a été fait avant est à mettre à la poubelle ? Certainement pas nous, à NosEnchanteurs. Dans cet article, il me semble intéressant de mesurer les écarts. Et puis il n’est pas interdit d’exercer ce qu’on appelle le droit d’inventaire. Au plaisir de vous rencontrer au prochain festival de Barjac.
Je viendrai avec plaisir. Tout comme j’y été par le passé. La chanson française mérite de nous tous.
Premières impressions.
Sans toutefois renier les précédentes il semble que cette programmation donne une respiration nouvelle et une ouverture au festival.
Bien sur on ne peut rien affirmer avant d’avoir vu et entendu les artistes !
Saluons un progrès réel en matière de parité homme femme.
Interrogeons nous sur la place qui doit être faite aux interprètes et aux reprises.
Le festival de Barjac est né d’une chanson rebelle qui s’engage et interpelle les consciences et la société (Jean Ferrat). Il ne faudrait pas l’oublier. il me semble que peu de place a été faite à cette chanson là alors que de jeunes artistes la défendent encore aujourd’hui (Hénin-Beaumont – Indignez-vous etc). Je pense que tout le monde connait ces auteurs…et d’autres.
Bien sur on ne pourra vraiment juger qu’après plusieurs programmations.
J’irai donc à Barjac en juillet !
J’ai souvent pensé qu’à BARJAC c’était chaque fois la même chanson, toujours les mêmes artistes – de qualité – ou presque, ça donnait cette impression. Et toujours JOFROI en star, qu’il soit sur scène ou non, comme peut l’être un présentateur de télévision volant la vedette à ses invités. C’est différent cette fois. Je connais moins de la moitié de la programmation, c’est diversifié, ça donne envie de découvrir, même et surtout sous le chapiteau s’il est vraiment climatisé.
MANU
Diversité, noms moins connus et voix à découvrir, explosion de rituels désuets, volonté de rafraîchir, rajeunir, and so on… Voilà qui est bien. Il ne faut pas pour autant en effet poubeller le passé et le De Gaulle de Barjac. L’institution se renouvelle selon les lois de la nature en toutes choses ! Nous sommes devant une promesse de l’aube, vive la Reine. Chanson protéiforme, salut. Mais ma petite fêlure va du côté de la rébellion, surtout par ces temps de résistance ! Se méfier du lyrisme perso, du nombrilisme, faire sa place aux vents d’ailleurs, d’au-delà du gauche et droite, du libertaire, et en libérant ces vents donc, garder une place aux grands anciens qui les (nous) ont nourris de leur souffle puissant. Auront-ils leur place, mêmeAutony-ils par la suite leur place, même strictement délimitée
Révolution de palais? étonnant , malheureusement classique: on crache dans la soupe pour se faire une légitimité. au vu de ce que je connais du festival, vous ne seriez pas là si Jofroi (et pas que lui) n’avait pas tracé la route.Le ton utilisé laisse à craindre que Barens ne soit pas beaucoup plus modeste que celui qu’il critique. Le changement a-t-il besoin de vocifération pour s’opérer? Je suis de ceux qui regarderont vers d’autres festivals cet été. Yves
Quel est le bilan de cette année de la refondation ? C’est vrai qu’à lire Michel Kemper le Barjac selon Jofroi était juste bon à jeter à la poubelle et on ne peut que s’étonner du fait qu’il aie survécu aussi longtemps sans ses conseils avisés.
C’est évidemment mal me lire, Yves, ou alors avec des yeux partisans, malveillants. Au terme de notre restitution de ce Barjac 2016, nous tenterons un bilan. Mais chacun de nos articles le contient en partie. Relisez tout de même les nombreux papiers que nous avons consacré à Barjac depuis pas mal d’années : à les relire, vous constaterez combien votre commentaire est stupide.
Bonjour à tous et merci pour cette nouvelle programmation 2017.
Je voulais exprimer ici ma tristesse de la disparition de Jean Vasca qui est un des grands poêtes ignoré de notre temps et qui a si bien écrit et chanté l’humain.
Qu’il me soit ici permis de rappeler que j’aurai le plaisir d’être parmi vous à Barjac café du Midi comme chaque année durant tout le festival. Salut fraternel à toute l’équipe Pierre