Karimouche en action, délicieux pléonasme
Toute aussi gouailleuse qu’elles, Karimouche diffère de ses lointaines et illustres aînées par son insolence, son côté rentre-dedans, franche du collier, indomptable. Son art est à son image, à celle qui vous toise sur la pochette du disque, un tantinet suranné et très moderne à la fois. Damia ou Fréhel auraient pu chanter Les mots démodés, ces mots du passé « qui me faisaient un effet fou », tangotant, chevrotant, par Karimouche devenus cendre, dévalués, démonétisés, désamourisés. Chansons ici teintés sépia dans la forme, non forcément dans le propos, qui alternent avec d’autres rythmes plus secoués encore, hip-hop, beat-box. Et effluves orientales. Tout Karimouche est dans ces trois ingrédients qui forment son identité, affirment une personnalité attachante, percutante. Selon les titres, ça tire vers l’un ou vers l’autre mais l’adn est le même, bouillonnant, réjouissant.
Chanteuse, Karimouche est pareillement peintre ou photographe : elle fait votre portrait en situation, en Action. Une bonne chanson vaut mieux qu’on long reportage : à ce titre Karimouche est reporter, rapporteuse. Sa chanson-titre est comme un Big-Brother, dénonçant le flicage, les caméras partout, à tous moments, de quoi se sentir star dans la cité : « C’est toi le héros, c’est toi l’attraction (…) Voici enfin venue ton heure. »
On aime chez Karimouche qu’elle n’ait pas sa langue dans la poche : le docilité attendue d’une jeune chanteuse, le plan de carrière bien formaté, c’est pas pour elle et c’est tant mieux.
Bernard Dimey avait jadis écrit Le regret des bordels. Karimouche, elle, revendique un lieu au chaud, qui vaut mieux que la tapin : « Rendez-moi les clefs du bordel / Donnez-moi ma place au soleil. » Politiquement incorrecte, irrécupérable ! Poursuivie par les condés, par les huissiers, cette forte-en-gueule, presque Arletty, cette « bronzée de l’Hexagone » mène sa vie qu’elle tapisse de ses chansons finalement joyeuses, au moins dans la forme, qui ont la pêche qu’on lui connaît. Faire vivre de tels vers en scène sera pareil bonheur. Car elle fait mouche, Carima, Karimouche !
Karimouche, Action, Blues Line/Pias 2015. Le site de Karimouche c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit d’elle, c’est là.
Oui, Carima fait mouche à tous les coups, elle touche , avec sa gueule d’atmosphère urbaine et populaire , elle ne manque pas d’air ! Cette diva du ghetto à la fois réaliste et romantique est un cocktail détonnant qui donne un sacré punch !
Et elle ne fait pas que chanter, elle agit dans les quartiers .