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Les Ogres : vingt ans et toujours le même appétit

23-pochette-avec-stickerVingt ans ! Oui, comme dit la chanson « ça n’arrive qu’une fois seulement. » Alors ça s’arrose, ça se fête, ça se guinche. Ça fait en sorte qu’après coup on n’oublie plus ces instants-là, qu’ils soient gravés à la gouge ou au burin dans la mémoire du temps. Et, de ce côté-là, il faut dire que les Ogres de Barback ont bien fait les choses. D’abord ils ont partagé. Partagé leur joie, leurs musiques, leurs chansons, là où ils sont le plus à même de le faire : sur scène. Et, comme ils ont toujours aimé le faire, mais plus encore aujourd’hui, ils ont partagé ces scènes anniversaire : d’abord sur toute la tournée avec la fanfare berlinoise Eyo’nlé, palette instrumentale du coup plus encore élargie, dopée comme jamais. Et puis ponctuellement, ici ou là, avec leurs copains, leurs camarades de chanson, toutes générations confondues. Ils étaient tant et tant que tous n’ont pu être gravés sur ce double album. Mais rien qu’à lire le générique de ce disque, on a par eux l’adn de nos Ogres de Barback. Melissmell, Florent et Mourad de La Rue Kétanou, Laulo et Jojo des Hurlements d’Léo, Benoit Morel (ex La Tordue), Reno Bistan, Guizmo et Danielito de Tryo, Loïc Lantoine, Frédéric Fromet, Simon Olivier Serge et Grégoire de Debout sur le zinc, HK, Les Tit’Nassels, Anne Sylvestre, Francesca Solleville et Nathalie Fortin, Guillaume Lopez, Timike, Camille de La Meute rieuse, Christian Serge et Grégoire des Têtes Raides, Nico Quintin. Ainsi que Les Ogrillons, cette relève qui se prépare. Et, plus étonnant encore (encore que…) Daniel Mermet, qui est là si vous y êtes, dans un texte inédit écrit le jour-même : du Mermet comme il nous est si utile d’entendre…

Ce disque en public (le cinquième dans la discographie des Ogres) est double : sur l’un les Ogres remâchent leur Barback, avec parfois d’autres condiments, d’autres sauces ; sur l’autre les invités amènent leur bout de viande. Régal d’Ogres, bonne chère. Tous font ripaille, le public aussi.

Le premier disque, ce sont des versions forcément différentes de celles que vous connaissez déjà, car partagées avec Eyo’nlé. C’est lumineux, cause aux bougies certes, mais plus encore. Encore plus chaud que nos Ogres coutumiers, c’est peu dire.

L’autre disque, c’est les copains, les amis. Il y en a ici qui ne peuvent être totale surprise. Y compter ceux de la Rue Kétanou, de Tryo ou de Debout sur le Zinc n’est pas surprenant. Y applaudir Loïc Lantoine (là dans la reprise de Jour de lessive, du chansonnier anarchiste Gaston Couté) est normal. Y retrouver Melissmell est plaisant, vraiment. Que Mano Solo s’y invite par le truchement des Hurlements d’Léo, ça fait chaud au cœur : je crois qu’il serait encore vivant qu’il aurait été là. Il manque Pierre Perret sur la version disque, mais il fut aussi de la tournée, lui et d’autres. Et il y a deux dames qui ont pu surprendre par leur présence, que sans doute beaucoup de jeunes dans le public ne savaient pas, ne connaissaient pas. Ou peut-être, pour certains d’entre eux, par jadis de fameuses fabulettes. Francesca Solleville y chante Ma France, de Ferrat ; Anne Sylvestre Le lac Saint-Sébastien. Elles ont leur place ici, sur ces scènes. Ce qui est une évidence pour nos Ogres de Barback, ce qui l’est pour nous aussi, à NosEnchanteurs : la chanson est une et indivisible et ce que chantent nos Ogres et Sylvestre et Solleville est fondamentalement le même chant, y’a que l’emballage qui soit différent, ça, leur manière d’être, leurs publics et les salles où ils/elles se produisent. Enfin, on réunit les chansons en une, enfin on respecte le public en ne le découpant pas, en ne l’opposant pas.

On pourrait parler quelques milliers de signes encore de ce double disque : il vaut sans doute mieux l’écouter. Si, encore une chose, juste en passant : y’en a un qui se taille, à son insu, une part de lion, un beau morceau de bidoche à ce festin d’Ogres. C’est Leprest, Allain, absent. Mais présent par deux titres : Une valse pour rien et SDF. Même disparu, il a son couvert, son rond de serviette à la table commune.

 

Les Ogres de Barback, 20 ans !, Irfan le label, 2015. Le site des Ogres de Barback, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est làImage de prévisualisation YouTube

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