Jagas, la chanson pour résistance
De quoi, de qui vous entretenir aujourd’hui ? Tiens, Jagas, tiré de la pile des disques en attente, à tout hasard. Ecoute… On va dire que je le fais exprès mais, dès le premier titre, c’est… très « engageant », à croire que nous en faisons thématique, que nous chroniquons pour la presse de gauche, enfin… d’extrème gauche. « On s’contentait de peu, c’était déjà beaucoup / Un bifteck pour deux dans les jours un peu fous / On n’a pas souhaité la vie à cinq étoiles / Nous c’qu’on demandait : un confort banal [...] On n’voulait pas grand chose / Un boulot, du vin, des gens / Et des sentiments » On dirait (timbre de voix inclus, c’est frappant) de l’Yves Jamait, en prise directe avec la vie, avec ce qu’on vit, la sous France. Une chanson rock énervée, que notre monde irrite au plus haut point, qui sans doute vient de lire la liste exaltante du nouveau gouvernement, des brevetés en néo-socialisme, de découvrir l’attention de Rebsamen envers les chômeurs forcément tous tricheurs, et les yeux doux de Valls au Medef.
C’est un ep, un « mini disque » de cinq titres seulement. Le deuxième de ce groupe. Suffisamment de quoi se faire une juste idée du répertoire de ces cinq gars qui le composent. La bio dit que « Jagas sonne comme un uppercut aux idées reçues et affirme son militantisme musical sur scène » : ce disque en est l’illustration. Ça ne parle pas d’amour mais de chômage, de précarité, d’espoir en des jours meilleurs en une chanson dynamique, presque festive. Avec une écriture impliquée, belle et empathique. Et des mélodies soignées.
Le genre de disque qui, certes, « ne sauvera pas le monde » mais témoigne d’une époque, de situations. On peut fuir la triste réalité de ce monde dans le déni : on peut aussi la retrouver en une telle catharsis, « pour la thérapie. » Ça semble être le rôle de Jagas de chanter « pour tous les gens flingués, les anonymes qui triment / Des bannis aux oubliés, que pour une seconde ils s’estiment / Chante pour la liberté, micro en rameau d’olivier / Bonnet phrygien sur la tête le poing levé pour nous guider / Chante pour résister, rêver d’un autre possible. »
Pour l’anecdote, Jagas restera dans l’Histoire récente le premier groupe dont la prestation a été arbitrairement annulée par une municipalité fraîchement passés au FN, à Villers-Cotterêts. Retenu par le service culturel de la précédente municipalité, Jagas s’est vu opposer la véto du nouveau maire qui a considéré que le groupe ne correspondait pas à l’image de sa ville.
Jagas, ep éponyme, Léocas Records 2014. Le site de Jagas, c’est ici. En concert à la Fête de l’Humanité le 13 septembre 2014.
» Très engageant » en effet . Encore une bonne pêche Michel ! …
A voir à la Fête de l’huma, entre une merguez et un plateau d’huitres… On a pas des vies faciles.