Blanzat 2014 : Frédéric Bobin, au nom de la fraternité
Jeudi 17 juillet, 10e Rencontres Marc-Robine, Blanzat (63)
Frédéric Bobin, récompensé par le premier Prix Marc-Robine l’an passé est attendu, avec une fébrilité singulière ce soir, sur cette terre auvergnate qui lui est pourtant familière. D’ailleurs le public, très nombreux à la Muscade, lui semble acquis. C’est amusant comme cette familiarité, cette joie qui se lisent sur les visages créent un climat de convivialité bon enfant. Le bonheur est palpable dans cette chaude soirée de juillet.
Il faut le dire, Frédéric affiche dans la vie une telle générosité, celle des humbles et des gentils, que l’on tombe vite sous le charme de ce garçon authentique. Tous ceux qui ont la chance de le connaître peu ou prou peuvent en témoigner. Il est vrai qu’il est là, sur ce festival, aux côtés de Rémo Gary, pour diriger la chorale des spectateurs. Alors on imagine bien que les choristes sont dans la salle. Raison de plus de lui être acquis. Et pourtant nous connaissons la dure loi du spectacle vivant. On bat les cartes chaque soir et chaque soir est un nouveau rendez-vous amoureux à l’issue imprévisible.
Aux premières mesures, c’est bien parti, ça chaloupe en scène : Frédéric à la guitare, Mickaël Cointepas à la contrebasse se regardent et c’est parti pour leur duo fraternel. Au fond ce pourrait être là le mot pour dire ce que Frédéric donne à la Chanson.
Fraternelle sa création ? Oui, et d’abord au sens strict, puisque ses chansons sont écrites « à quatre mains » comme il aime à le dire dès la troisième chanson. Il ne manque jamais de saluer son frère Philippe, auteur des textes qui sont si fort sa marque de fabrique. Fraternel aussi et surtout son répertoire qui parle au cœur de tous et de chacun. Homme d’ici et de maintenant, Frédéric nous chante notre éphémère condition – souviens-toi que les fleuves se jettent dans la mer – nos souvenirs qui frappent à la portière, nos spleens, puisque trop lourdes nos paupières, nos désirs anachroniques, nos amours, deux cœurs qui planent dans un monde incertain, et cette sensation d’être mis à nu, d’être comme le premier homme…Mais fraternel il l’est plus encore, Frédéric, lorsqu’il s’arrête sur ce monde injuste et cruel (Pyramide) monde tout proche, comme sa ville natale en jachère, sa vieille ouvrière, ou bien l’usine qui ferme sans crier gare ou presque (Singapour, chanson douloureusement actuelle), ou monde plus lointain lorsqu’il esquisse les portraits de Tatiana arrachée des plaines d’Ukraine ou le destin tragique de Jo de Géorgie.
Lorsque le concert s’achève sur un rappel exécuté en acoustique, à deux pas du public qu’il regarde dans les yeux, on se dit que décidément Frédéric Bobin est bien ce chanteur fraternel qui méritait la récompense offerte l’an passé, ici même, au nom de Marc Robine.
Le site de Frédéric Bobin, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a pu écrire sur lui, c’est là.
« D’ailleurs le public, très nombreux à la Muscade, lui semble acquis. » Bien observé ! eh oui, c’est une histoire d’amour entre Frédéric Bobin et l’Auvergne, il vient souvent ici pour notre plus grand bonheur ! et « chanteur fraternel », c’est bien trouvé et c’est vrai.
Je confirme (une fois de plus, si c’était nécessaire) : Frédéric Bobin est non seulement quelqu’un de particulièrement attachant à la ville (ce qui ne gâche rien !) mais aussi un artiste qui, l’air de rien, vous enveloppe à la scène de sa tendresse, jamais coupée des maux de ce monde, avec des mots (bien que signés de son frère aîné) et des mélodies qui semblent couler de source chez lui mais ont l’heur et l’art d’emmener l’auditeur-spectateur sur les chemins de traverse de la chanson – les plus beaux.
Mon ami Marc Robine aurait été fier d’apprendre que la première édition du tout premier prix portant son nom soit revenu à Frédéric Bobin.
Frédéric, c’est un peu notre petit à nous, les sexagénaires ! Nous l’aimons, il le sait et il nous le rend bien. C’est toujours un grand plaisir de l’écouter, il vient régulièrement en Auvergne et nous apprécions énormément cette fidélité.