Dominique Cista, les maux et le verbe
Nous l’avions présenté ici même il y a un peu plus d’un an sous le nom – c’est le sien – de Dominique Citerne. Caprice d’artiste, le voici sous celui de Dominique Cista. Ça ne change ni l’art ni l’intérêt de celui devenu artiste sur le tard, comme une évidence qu’il ne pouvait plus taire. On ne regrette pas.
Ce qu’il chante est aussi simple que peuvent l’être les éléments, les sentiments, simple mais d’une écriture élaborée, plaisante, racée. Des chansons dont le thème et les sujets visent un peu de l’intemporalité. S’il s’autorise une reprise, une seule, qui d’ailleurs débute l’album, à la manière d’un précieux incipit, c’est ce célèbre texte de Lucien Jacques qui ainsi débute : « Je crois en l’homme, cette ordure / Je crois en l’homme, ce fumier… » (Tombeau d’un berger) C’est dit, ça vient du cœur. C’est l’Homme qui prédomine en cet opus, qui lâche ses (saintes) colères ou les domine, qui toise l’autre, s’en méfie, qui construit et déconstruit, qui tend la main quand l’autre tend le bout du nez, qu’on désigne, qui se donne puis se retire, qui sait ou non cueillir les bonheurs, belles récoltes aux fruits parfois talés… Un disque comme un traité sur l’Homme, sur ce qu’on peut en espérer, en désespérer. « Les idées des autres / Embrigadent, les nôtres / Forgent des rêves clandestins… / On n’échangerait guère / Nos visées, leurs oeillères / A chacun sa cour, son jardin. » Les portes sur les autres ne s’ouvrent pas souvent, ou subrepticement. Ephémères… L’intérêt les entr’ouvrent parfois, comme dans cette fable sur l’oncle Grégoire, devenu Bon comme le bon pain quand on a su qu’il était argenté. Un disque sombre aux idées noires ? Non, un portrait assez fidèle de nos vies, de la vie des autres surtout. Mais au final beaucoup de philosophie et des vers d’espoir, rimes appelant à vivre d’un autre pas, que se lève un vent nouveau.
Pour son deuxième album, Dominique Cista (que nous connaissons, lui qui nous livre souvent en commentaires de ce site des interviews qu’il réalise de ses pairs) offre un travail remarquable au sens qu’il peut et doit être remarqué. D’une interprétation (et d’un accompagnement musical) qui le situe dans la famille des Chelon, c’est du bel ouvrage qui s’apprécie sur la distance, chaque nouvelle écoute décodant plus encore les maux pour constat, le verbe, le regard, l’amour et la main tendue pour possible remède. Ce disque est intelligemment préfacé par l’ami Jean Dufour (conseiller artistique de Félix Leclerc, Francis Lemarque, Yves Duteil et Raymond Devos, par ailleurs biographe) : « (…) Le temps d’un souffle, ces portes éphémères captent le regard sur les chimères de la vie, entrevues le temps que Dominique Cista propose à l’espérance et au simple bonheur du quotidien. »
Dominique Cista, Portes éphémères, autoproduit 2014. Le site de Dominique Cista, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
« Je crois en l’homme, cette ordure / Je crois en l’homme, ce fumier… » Mais aussi:
« pour son vertige devant l’étoile,
je crois en lui
pour le sel de son amitié,
pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
pour une main qui s’est tendue.
Pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
pour le simple accueil d’un berger. » Quel beau credo !
Je connaissais Dominique Citerne pour ses interviews au salon du livre et de la chanson de Randan, Rémo Gary, Jacques Bertin, Laurent Berger, et bien d’autres, mais à l’écoute des extraits de » Portes Ephémères » , j’ai très envie de pousser ces portes et d’entrer dans cet univers » d’espérance et de simples bonheurs quotidiens . » .
Pour découvrir ou mieux connaître Lucien Jacques, il suffit de visiter le site : http://amislucienjacques.wordpress.com/
Dominique Cista
CREDO DE LUCIEN JACQUES,
interprétation à Gréoux-les-Bains :
https://fr-fr.facebook.com/pages/Dominique-Cista/103298366488282
Je viens de découvrir que Dominique Cista avait mis en musique mon poème préféré, le Crédo de Lucien Jacques (grand ami de Giono qui est aussi l’un de mes écrivains préférés) poème qui résume toute ma philosophie de vie.
Cela donne bien envie d’écouter les autres titres de l’album !