La Reine des aveugles voit rouge et noir
Mercredi 25 juin 2014, Café associatif & Scène Chanson « Chez ta Mère », Toulouse,
Un soir de coupe du monde… et de surcroît, de match des Bleus, faut oser ! Hé bien, le café culturel Chez ta Mère n’a peur de rien quand il s’agit de la Chanson (notons que leur communication affiche maintenant clairement la couleur avec les mots « Scène Chanson ») et l’artiste du jour est d’une trempe à faire front ! Croyez-vous que 22 gars qui courent derrière un ballon puissent faire reculer la Reine des aveugles ?
En attendant son arrivée, la bande sonore qui nous accueille est déjà un régal, en plus des petits vins bio, de l’hydromel, de l’exposition photographique aux murs… et du sourire irrésistible de l’accueil. Que ce soit dit tout net : c’est un petit lieu qui rayonnera de plus en plus dans le microcosme de la chanson où elle est sûre de trouver là un espace qui l’honore et la respecte !
Venons-en à cette reine dont nous avions déjà dit le pouvoir de séduction mais qui ce soir nous arrive avec un nouveau complice. Fini l’accordéon de Claude Delrieu, voici les guitares de Jean Mendez. On pouvait s’en douter, Emilie Perrin n’a pas fait le mauvais choix et les solos régaleront les amateurs de guitare ! Mais cette fois-ci l’habillage des chansons donne un nouvel éclairage aux propos et à l’interprétation, en laissant toute l’amplitude à la comédienne. Le costume, le rouge et noir, cet œil sous son masque de dentelle noire soulignent le propos. Et c’est efficace !
On retrouve avec délectation les portraits, les histoires, surtout ces histoires de femmes ou de filles, à tous les âges de la vie, de la gosse affublée de sa laideur (du moins le croit-elle), à la vieille qui se fait la belle, en passant par celle qui ne veut pas de son statut de « mammifère », ou par Marick, la prostituée, sous le « joug machiavélique, quelque part en Belgique », et toujours cette troublante (envoûtante parfois) reine des aveugles, cette femme à l’ « œil cassé ». Est-elle fille de Tirésias, devin aveugle, ou bien la complice de tous les handicapés de la vie, qui refusent d’être soumis à leur destin, « cyclopes, éclopés, cul de jatte » et j’en passe ?
N’allez surtout pas imaginer que l’on baigne dans la tragédie et la noirceur. Point s’en faut ! Emilie a le talent de la dérision, de la satire, de la chute (libre s’entend !) dans ce qu’elle nous dessine de la vie pas toujours rose. La pirouette des derniers mots nous dispense de trop nous émouvoir. Et même si l’on sent émerger ici et là des questions existentielles qui font mouche car on s’aime, plus sûrement « on sème sur cette terre des bouts de soi, mais ça ne repousse pas ! », la Reine des aveugles nous ramène toujours à la scène, au jeu.
A l’automne, nous la reverrons au Bijou avec Pascal Portejoie aux percussions et à la batterie et pour en avoir un avant-goût (en attendant de nouvelles chansons en gestation) c’est samedi « Chez ta Mère » !
Toulousains, courez-y !
Pour retrouver la Reine des aveugles, c’est ici.
Elle est décapante La Reine des aveugles ! J’écoute son 7 de coeur de René Pagès , avec d’excellents choix musicaux-chansonnesques , un régal ! et son accordéoniste-mais-pas-que était très bien aussi .
Vu hier 26 Juin. C’est la 3ième fois que je vois ce spectacle depuis sa création (2010 ?) : la prestation d’Emilie Perrin s’améliore à chaque fois. Un univers, une personnalité, un concert original. Même commentaire que Claude : courez y ! En tant que fidèle de Chez Ta Mère je confirme aussi le commentaire de Claude « petit lieu où la chanson est sûre de trouver là un espace qui l’honore et la respecte ».