Festival Dimey 2014 : Rue de la Muette, la danse fascinante de l’ours
8 mai 2014, 14e festival Bernard-Dimey, deuxième jour,
Voir Patrick Ochs entouré de deux musiciens seulement (à sa droite les clarinettes et saxo de Vincent Mondy, à sa gauche l’accordéon de Gilles Puyfagès) c’est s’offrir un spectacle d’une force rare. D’ailleurs au fil des chansons on finit par se sentir habité de sonorités slaves, de fanfare, d’accordéon langoureux et triste qui résonnent dans la tête, tard dans la nuit, avec cette voix profonde et grave et ses mots déchirés, déchirants.
L’interprète Patrick Ochs n’est pas seulement chanteur : il danse les mots, les balance au bout de ses longs bras. Son corps se distord, se tord en une pantomime tragique. C’est une chorégraphie de ses mains, de ses pieds et le public reçoit par brassées son désir de partage. Son corps paraît habillé, habité de cette fantasmagorie fellinienne où s’agitent des vieux tigres blancs, quelques éléphants, quelques vieux ours savants, funambules, clowns. Toute une caravane que la clarinette basse ensorcelle.
Et l’homme dans tout ça ? Il traîne de vieux souvenirs d’enfant seul qui voudrait bien retrouver son innocence, qui voit son père disparaître pour ne jamais revenir, emporté par un clown ou bien funambule entre deux tours d’acier… Il ne cesse d’attendre ce père… et cette mère qui traîne au café. Il aurait tant voulu changer l’ordre des choses, surtout lorsque cet ordre prend les couleurs du nazisme ! Il aurait tant voulu et finit par lancer ce cri déchirant depuis le camp de Drancy : « Mes parents, mes amis sortez-nous d’ici ! »
Reste cet appel à l’amour « Allez fais moi danser… Emmène-moi mon amour ! » Et nos deux mains en l’air pour chanter : « Peut-être bien, ça ira mieux demain ! »
Patrick Ochs est de ces artistes qui vous marque au fer rouge de leurs mots, de leur don en scène jusqu’à l’épuisement « La tête dans les étoiles / Les pieds dans les ronces ». On n’est vraiment pas surpris de l’entendre recréer Ferré-Caussimon Comme à Ostende ou Bashung La nuit je mens.
On ne sort pas indemne quand s’achève la danse de ces ours là.
Le site de Rue de la Muette, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ce groupe, c’est là.
Ma mère traîne au café
Un ressenti que je partage en écoutant Patrick Ochs , un creuset d’humanité, tragique et poétique, à la démesure de Bernard Dimey .
merci mes amis… c’était une belle soirée. merci à Yves Amour et à l’équipe du Festival Bernard Dimey
Patrick Ochs
J’ai vu Rue de la Muette cet été. Ils sont venus chanter à Saint-Pierre et Miquelon. Patrick est gigantesque.