Général Alcazar : un dernier pour la route
Quand vous tirez le disque de l’enveloppe postale et qu’il en sort Général Alcazar, vous avez comme un p’tit pincement au cœur. L’idée de chroniquer son nouvel album après avoir rédigé sa nécro est insolite. Voici donc le disque qu’il venait tout juste d’achever en faisant de la mort la rencontre.
« C’est sans doute aujourd’hui que je vais mordre la poussière / Tu m’avais prévenu, plusieurs fois averti / A cette heure c’est certain je ne peux faire marche arrière / Sans regarder en face ma propre destiny. »
Un disque fait tout seul à la maison, à Sète, comme il en avait coutume, en prenant son temps tant qu’il a en a loupé le rendez-vous final, sa sortie, que la sienne a précédé. Avec juste la participation du catalan Pascal Comelade aux pianos, fidèle parmi tous, sur un titre, et de Blue Little Toe pour les chœurs d’un autre. Digipack et livret magnifiquement habillés par l’artiste barcelonaise Karine Jaume Jonoubi « Mimóka ».
Un album faits d’humeurs, de réflexions, de philosophie, qui n’est pas loin de faire songer à une pièce d’orfèvrerie, qui se savoure loin de tout tumulte, et dont, sauf à la déprécier, aucune pièce n’aurait sa place dans une playliste.
Général Alcazar n’est pas Castafiore et ce n’est pas sur ses performances vocales qu’on peut juger l’artiste. Sur son timbre, oui, doux et râpeux à la fois. C’est sur la poésie de ses mots, doucement balancée par un blues pimpant, que l’auditeur se fixe. Des mots qui, obsessionnellement, trouvent désormais un autre sens : « Aujourd’hui danse, tends-moi les bras / Rends-moi des comptes sur tes abus / Tu ne jouera plus d’harmonica / Même l’harmonica n’en peut plus. »
Pour servir a été produit avec l’aide de souscriptions sur internet.
Général Alcazar, Pour servir, autoproduit 2014
Histoire de « resserrer ce lien ténu mais têtu qui existe entre tous les admirateurs de Général Alcazar » une association vient d’être créée qui, « telle une société secrète travaillant dans l’ombre » s’attachera à « garder en vie la petite flamme vacillante de sa poésie en faisant connaître son œuvre, inlassablement. » Le site c’est ici et l’adresse courriel : lesamisdugeneralalcazar@gmail.com
Merci de mettre ainsi en lumière ce si bel artiste, inlassable artisan de l’ombre.
Merci pour ce moment captivant passé dans l’intimité de Général Alcazar que j’ai découvert ici même, en décembre dernier, alors qu’il n’était déjà plus de ce monde.
Rétrolien Revue de presse de l’album « Pour servir » | Les Amis du Général Alcazar