De Claude à Nougaro, un concert de folie
Nuit Nougaro, Odyssud (Blagnac, 31) [2e partie]
On annonçait du partage, des mélanges étonnants et détonants pour rendre hommage à l’immensité de l’œuvre de Claude Nougaro. Un concert de folie ? Ah ça oui ! Philippe Couret, coordinateur peut être fier. Pari gagné !
Il faut dire que Toulouse a de quoi se hisser à la hauteur de l’entreprise avec des artistes comme Hervé Suhubiette ou Eric Lareine en maitres de cérémonie. Ils entrent en scène comme on entre dans l’arène et la jeune et jolie Marie Sigal n’a pas été de reste.
Claude Nougaro, le « petit taureau » rêvait d’être danseur. « Mon corps, le mystère de mes cellules obéissent à un mot d’ordre venus de la musique et du rythme ». Alors, tout, ce soir, nous a rappelé cette dimension du spectacle à laquelle il était particulièrement attaché : « Le poète est aussi dans l’étoffe même de son souffle, de sa façon de bouger, dans sa danse. C’est au moins aussi important que ce qu’il dit. »
Dans la continuité de la première partie avec David Linx (lire ici l’article), les chanteurs de la deuxième, ont mis du corps dans leur travail, accompagnés par ce que la jeune scène jazz toulousaine offre de plus innovant, le quartet Pulcinella (Ferdinand Doumerc, saxophones, flûte traversière, mélodica, métallophone, Florian Demonsant, accordéon, Jean-Marc Serpin, contrebasse et Frédéric Cavallin, batterie).
L’ensemble était superbement orchestré, sonorisé au plus précis, éclairé pour le bonheur de tous nos sens. Et que dire des émotions ? Eric Lareine dans Petit Taureau, Hervé Suhubiette dans Quatre Boules de cuir ont pris la scène a bras le corps. Ils ont laissé place à Marie Sigal pour s’emparer d’une chanson où l’on n’attend pas une femme, Une petite Fille en Pleurs. Cette version pourrait même faire date ! Rejointe par le chœur Archipels dirigé par Claire Suhubiette, elle offre aussi une pertinente Chenille : « Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des tanks »… Et en duo, c’est elle qui porte avec la seule contrebasse Chanson pour le Maçon, chanson dédiée à Jacques Audiberti que Nougaro considérait comme son maître, son « père spirituel ». Félicitons les deux chanteurs toulousains aguerris d’avoir fait une si jolie passerelle à Marie Sigal !
Ce serait injuste de ne pas dire aussi que David Linx a partagé cette deuxième partie, avec notamment un moment unique dans Locomotive d’Or auquel s’étaient joints dix jeunes batteurs de l’école Agostini. Quelle joyeuse fête finale avec Je suis Sous, C’est ça la Vie et Rimes !
Je veux croire que cette quarantaine de participants, leur énergie, leur communion et leur travail pour rendre hommage à Claude Nougaro, suffiront à faire oublier à quelques insupportables grincheux leur frustration de ne pas avoir entendu leur chanson fétiche : Toulouse.
Pas de vidéo correspondant à ce spectacle Nougaro que nous puissions insérer sur ce site. On se console avec celle-ci qui nous présente Eric Lareine :
en attendant les traces vidéos de ces soirées, quelques images du reportage réalisé par culture box :
http://api.dmcloud.net/player/pubpage/4e709e80f325e11e5f000025/532c559e06361d02c630e56b/dcfbabc2d6f74280bf5f7678be3c4e5e?wmode=opaque
Il se chante, il se danse, il survit à l’infini, à Toulouse comme ailleurs . Son répertoire est si riche, généreux et divers qu’il se prête à toutes les interprétations, selon le ressenti de chacun .
Et j’aime bien la façon d’Hervé Suhubiette et Pulcinella de jouer avec les chansons de Nougaro , d’en extraire toute la richesse , la diversité , de les casser pour les reconstruire à leur manière . C’est ludique, joyeux, poétique, et rythmé , et toutes les différences de cet ensemble finissent par faire une belle unité . Nougaro aurait aimé ça .
Je suis moins sûr qu’il aurait aimé ce qui se profile du côté de la mairie de Toulouse, malheureusement…