Thierry Romanens, la joie d’être en scène
Le Bijou, vendredi 14 mars 2014,
Difficile vraiment de trouver mot plus juste que le mot joie pour évoquer l’artiste helvète Thierry Romanens. A la première chanson, le regard est happé par le jeu, la danse de ses mains qui pourrait être sa signature si la mandoline dont il joue le plus souvent ne venait nous en priver. Mais on ne saurait le regretter longtemps car le son de cet instrument dialoguant avec celui du piano Fender Rhodes (Alexis Gfeller) n’est pas sans lien avec notre plaisir. Disons tout de suite que la connivence, le partage – on pourrait aller jusqu’à dire la communion – des deux musiciens participe grandement au spectacle. Voilà que la joie nous gagne aussi et l’échange, grandement facilité par le petit lieu où nous sommes, se fera vite sentir, comme en témoigne la participation délicate du public sur une chanson douce, « à susurrer », une chanson sur le désir… « Encore » scandera le public, amusé et sincère !
Il est vrai que l’artiste n’est pas un débutant. La scène ça le connaît, lui que l’on qualifie souvent d’humoriste et qui, dans la vie comme à la scène, dans des facéties bon enfant, semble prendre le parti de s’amuser un peu de tout.
Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Ce Romanens que nous avons entendu a souvent chanté tout ce qui dans la vie se détraque, va de travers. « C’est pas beau un clown qui pleure » alors on fait un peu de place à la tendresse, comme celle qu’il offre à sa fille, « petite rousse » dont [la] lumière… « nous pousse ailleurs », comme celle de la chanson de Bourvil qu’il fait en rappel, malgré les hyènes qui nous attendent dehors – « c’est comme le chant de sirènes, un appel, un baiser, on ne peut y échapper » – malgré la vie qui nous balance tout et n’importe quoi. On laisse la place à notre joie intérieure, à notre capacité à nous émerveiller. Même si « on est tout seul dans nos carcasses », on laisse la place aussi et surtout à la rencontre amoureuse : «
Et la quête du plaisir suprême, dénicher celui qui nous aime… » et qui sera peut-être encore là « quand on sera des amoureux d’eau douce… quand on tanguera plus qu’un p’tit peu… »
Et finalement, finalement si c’était la poésie qui sauve ? Bien sûr les chansons – Romanens n’hésite pas à emprunter aux autres comme ce texte de Kent pour Johnny Cash, « l’homme en noir » – mais aussi les textes d’Alexandre Voisard dont il a fait un spectacle et un album avec le trio jazz Format A’3. Les extraits émouvants, captivants, entre slam et chanson, (L’Avenir des Oiseaux, Respirer) appellent à la découverte car : « la poésie n’est à personne mais, comme la musique, elle se donne à qui veut l’entendre » (Alexandre Voisard).
C’est avec Thierry Romanens que l’amie Claude Fèvre signe son 100e article sur NosEnchanteurs. Bravo ! Je veux juste dire ici ma fierté de collaborer avec cette fine plume. Et avec une équipe si pertinente, si performante. Si douée !
Merci Claude pour ce 100 ème article , et pour tous les autres . Vous m’êtes tous indispensables comme le café du matin qui accompagne mes premiers clics sur Nos Enchanteurs .