Piérick, chanteur pas poli du tout !
Festival Détours de Chant, le Bijou, jeudi 30 janvier 2014,
Facile, me direz vous, d’ouvrir la chronique de l’ex chanteur-auteur des « Malpolis » de cette façon ! Mais, franchement, je n’ai pas trouvé mieux ! Car nous avons là un de ces spécimens qui, dans une tradition bien de chez nous, tire sur tout ce qui bouge, sans ménager quiconque. Foin de la pudeur, des compromis, de la réserve de bon ton qui régissent nos vies, bien policées celles-ci.
Piérick se réclame de cette veine qui, dans des temps obscurs ont conduit les auteurs à la prison, la censure, l’autodafé… voire pire ! L’actualité récente du spectacle vivant dit d’humour nous a rappelé, s’il était besoin, le talent qu’exige cet art de la satire. Car c’est un art, en effet, que de rire des affres de notre condition. Piérick dégomme à tout va et il le fait plutôt bien.
Son spectacle est tout neuf – il se dit « chanteur en chantier » -, il est minimaliste dans la forme, tournant le dos à ce qui se fait aujourd’hui. Lui à la guitare, Lucas Lemauff (pianiste des Pauvres Martins, pour rappel) au piano, son « escort boy » dans ce registre jazzy des cabarets du siècle écoulé. On swingue sur des histoires macabres et c’est bon !
L’artiste est tout autant chansonnier que chanteur, maintenant un dialogue permanent avec un public de « proximité » qui copine avec ses vilaines blagues.Cette connivence est parfois sur un fil : on sent à quelques interjections dans la salle que tout peut vite chavirer… mais non, d’un tour d’esprit, Pierick redresse aussitôt la barque. Il nous raconte de drôles d’histoires, des histoires drôles parfois épiques comme celle des rebelles du troisième âge dans « Panique à long séjour » ! Un régal que son art de la chute !
Dans sa quarantaine grisonnante, « âge charnière » dit-il, « où l’on trouve deux catégories, les nostalgiques de leurs vingt ans et ceux qui s’entêtent à espérer le bonheur à soixante. » Lui, il a gardé cette dérision, cette provocation qui sauve du désespoir. Car l’homme qui chante campe un personnage timide (je ne suis pas loin de penser qu’il l’est dans la vraie vie ! mais ça ne me regarde pas !) qui ne connaît rien au foot, ni aux bagnoles, encore moins aux people, trouve tous les autres emmerdants, surtout « ceux qui aiment tout le monde », qui s’ennuie comme il s’ennuyait adolescent sur la musique des folk singers, qui voit en l’amour la pire escroquerie, « plus fumeuse que les socialistes au pouvoir » et qui ne veut surtout pas qu’on le traite de chanteur, de « con à la rigueur » ! Dans cette vie, seule la publicité offrirait l’occasion d’avoir la patate ! Vous l’avez compris « Piérick dégomme » !
Mais vous, si vous voulez la retrouver « la patate » précipitez-vous voir cet oiseau-là qui vous fera rire de tout, même et surtout du pire !
Le site de Piérick c’est ici.
Si être poli, c’est obéir aux règles établies de la politesse, alors Piérick n’est pas poli , mais ne dit on pas » Trop poli pour être honnête ? « , la politesse est une façade, une écorce qui cache la vraie nature du bois , Et lui n’est pas du bois qu’on fait les flûtes . Il dégomme avec un humour féroce qui nous sauve du désespoir .