Le bel « Hommage » à Pierre Mac Orlan
Sans passé, la chanson est vouée à être sans avenir. Les prétendus programmateurs des radios ne bossent finalement que pour le présent, pour un profit immédiat, au service qu’ils sont des gros labels, des multinationales du disque. Il y a peu, pourtant, Philippe Meyer avait tenté un intéressant partenariat avec la Comédie française : celui de faire chanter les sociétaires du Français, de travailler la mémoire de la chanson aussi sûrement que, dans ce lieu, on travaille celle du théâtre. D’autorité, Philippe Val, d’autorité a cassé cette initiative, sans explication, au seul prétexte que c’est lui le putain de patron et qu’il faudrait que ce soit dit.
Quelques petits labels font heureusement, autant qu’ils peuvent, œuvre de mémoire. Parmi eux, EPM, dont nous chroniquons ici régulièrement les sorties. Voici la parution d’un coffret « Hommage » à l’écrivain Pierre Mac Orlan, qui fut aussi un brillant auteur de chansons. Non par distraction mais en conscience. En fait, la chanson est permanente dans la vie de Mac Orlan. Quand, au lycée, on se lie d’amitié avec un certain Gaston Couté ou quand on adresse ses premiers textes à Aristide Bruant (qu’il rencontre dès son arrivée dans la Capitale), peut-il en être autrement ? C’est contre quelques sous que Mac Orlan écrit alors des couplets à la demande pour quelques interprètes en mal de paroles : il devient parolier, métier qui s’estompe un peu devant l’auteur reconnu qu’il commence à être, dont les romans (une vingtaine) contiennent souvent des textes de chansons. Sociétaire de la Sacem, il deviendra véritablement parolier sur le tard, à 70 ans, sollicité qu’il est alors, comme d’autres écrivains, pour l’émission « La Chanson de mes villes » sur la Radio Télévision Française : ne trouvant pas chaussure à son pied dans le répertoire pour illustrer son propos, il écrit les chansons dont il a besoin : on n’est jamais mieux servi que par soi même.
Mac Orlan est l’auteur d’une soixantaine de chansons (dont beaucoup de marines, telle la fameuse Lanny de Lanninon, à écouter sur la vidéo en bas de cet article), rassemblées en trois volumes. Que de nombreux interprètes se sont mis en bouche. Surtout des femmes : à l’exception de Montand, de Patrick Denain et des Frères Jacques, il est chanté par Monique Morelli, Juliette Gréco, Francesca Solleville, Germaine Montero, Laure Diana, Catherine Sauvage, Barbara et d’autres dames encore.
Ce coffret « hommage » nous restitue quarante-deux de ces chansons, des bribes de discussions entre Mac Orlan et Francis Carco ainsi que d’autres déclarations et entretiens de Pierre Mac Orlan. Et un film sur la maison de Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin.
Pierre Mac Orlan, Hommage (3 CD + 1 DVD), EPM 2013. Dans la même collection, signalons l’Hommage à Louis Aragon dans une édition « anniversaire » composée de 6 CD, entre poèmes dits (par Jean-Louis Barrault, Jean Chevrier, Serge Reggiani et Louis Aragon) et poèmes chantés (par Francesca Solleville, Jacques Bertin, Colette Magny, Monique Morelli, Catherine Sauvage, Jacques Douai, Marc Ogeret, Annck Cisaruk et d’autres encore).
Parmi les dames qui ont chanté, et bien chanté Mac Orlan, on peut ajouter Pauline Julien (la fille des bois) et Françoise Kucheida (la chanson de Margaret) et la très grande Marie Dubas…
Quant au partenariat avec la Comédie Française, on se demande bien en raison de quelle lubie directoriale il a été supprimé… et quand je dis « lubie » c’est pour rester poli …
Je vous signale que MARC HAVET
et quelques amis invités chanterons
Pierre Mac Orlan et Francis Carco
Au Magique les jeudis 16 et 23 janvier
0 21H
http://www.aumagique.com
Ah ! Pierre Mac Orlan par qui je vivais de belles aventures maritimes, je me souviens de » A bord de l’étoile matutine » , rien que le titre invitait au rêve . Et ce coffret est bien tentant aussi !
Pour les émissions de Philippe Meyer avec les comédiens de la comédie française , je les regrette beaucoup, mais quel C. ce Val !
A la liste des interprètes féminines de Mac Orlan, on pourrait ajouter Aurélie Négrier (Mademoiselle A) et Anna Fromm.