Patrice Caumon, le cynisme et la grande classe !
Que voulez-vous, le monde n’est plus ce qu’il a été : « Tout fout l’camp, tout fout l’camp / Même ma femme ! » Que les cocus fassent de cette chanson leur hymne, leur oriflamme : c’est une des petits bijoux (un autre étant le gars qui prend l’initiative de rompre : « Trouves-toi un autre imbécile ! ») de ce mini-album (six titres en 2013, sortie du demi-frère dans quelques mois) de Patrice Caumon. Caumon ? Un touche à tout ! Jadis tiers du trio « Les oisillons tombés du nid » (quatre albums tout de même), animateur d’ateliers de théâtre ou d’écriture, de son, de scène et d’impro, pilier d’un festival ciné, écrivain (« La nouvelle éloge de la masturbation » ou « Les plats qui font péter, 36 recettes propres à incommoder vos ennemis et se débarrasser des fâcheux » c’est lui), le voici, cette année 2013, en train de débuter une carrière de chanteur solo tout en maintenant l’éclectisme de ses arts créatifs (un polar est ainsi prévu pour 2014).
Que voulez-vous, le marché du disque est tel qu’on ne nous fait plus que des moitiés d’albums (remarquez, parfois c’est bien, ça évite la catastrophe sur tout un disque). Là, au lieu de tempêter, on sourira à l’idée de ce que Caumon pourra nous trouver la prochaine fois, pour faire au moins aussi bien, aussi drôle, aussi cynique que celui-là. Mais quand on a signé l’éloge du pet, on fait sans mal la contrepèterie suivante. Ce disque est un pur ravissement. Il avive, il ravive tout ce qu’il peut y avoir en nous de mauvaise foi, de misogynie aussi. En plus c’est bien écrit, indéboulonnable : faudrait vraiment avoir fait un stage de journalisme aux Inrocks pour trouver à redire, à critiquer, à meugler. Oh ce Tout est faux chez madame qui, à la manière d’un mille-feuilles, liste ses lifting tant qu’on se demande s’il n’y a pas que les faux-cils qui soient vrais ! « Avant l’inhumation il faudra bien t’enlever tout ce que tu portes (…) sinon tu dégouteras même les vers de terre ! »
Osé, culotté, sans honte, Caumon écrit et chante les pires choses tout en étant persuadé d’avoir « la tendresse de Bourvil, l’énergie de Johnny Rotten. » Vu le titre de ce disque, on le surnommera bien « l’autre imbécile » de la chanson ce qui, en ce cas, lui vaudra médaille, diplôme et la suprême récompense de ne pas être en play-liste chez Inter. Car Caumon n’est pas pour le tout-venant : il est d’une classe nettement au-dessus.
Patrice Caumon, Un autre imbécile, autoproduit 2013. Le site de Patrice Caumon c’est ici.
Oui , c’est bien, « cynique et classe », mais mettez vous à ma place ! je ne peux m’empêcher d’imaginer Anne Sylvestre( par exemple) chantant : » Trouve toi une autre imbécile » …Sur le même thème .
Oui, de disque a des qualités indéniables, mais on est content qu’il ne comporte que six morceaux, car point de vue fraîcheur, on fait mieux. Aie aie l’ »univers », glauque et tout.
Moi j’attends avec impatience la suite car cet artiste-là a une vraie empreinte, une personnalité, un talent, un « univers » comme on dit parfois. Si la fraîcheur est de réveiller une chanson qui a souvent tendance a se cloner, qui fait souvent l’éloge de la fadeur, alors cette chanson tonique, bien écrite, un rien provo, alors cette chanson est fraîche, totalement fraîche. Lancer en chanson quelques piques sur les femmes n’en fait pas quelqu’un de glauque. Ou alors juste un peu glock n’roll, juste pour la beauté de l’expression, autant que pour la très forte impression que nous laisse ce Patrice Caumon. Il te faut encore écouter ce disque, Anne-Claire, sans a-priori, sans oeillères sur les oreilles.
Caumont chante tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je trouve qu’il fait ce qu’il fait avec tant de passion qu’on se demande où va-t-il chercher toute cette audace. Mais je pense que ses titres sont déconseillés aux âmes sensibles, ils feraient des crises cardiaques.