Délinquante, bonne pioche à Montceau-les-Mines
par Jacques Legrand,
Délinquante, 5 octobre 2013, brasserie Le Vendôme à Montceau-les-Mines,
Censé faire la part belle au piano du pauvre, le piano à bretelles, le festival TSB (Tango, Swing, Bretelles) de Montceau-les-Mines ouvre aussi largement ses portes à la chanson qui chante en frenchies.
La chanteuse la plus british de la langue à Voltaire ouvrait le bal ce soir-là. Mais comme Jane Birkin n’avait pas besoin de ma présence pour faire salle pleine, je me suis concentré sur les spectacles gratuits de ce samedi, histoire de garder bourses pleines au cas où la Grèce s’érige en modèle pour l’Europe.
Au Syndicat des mineurs, Gérard Blanchard et son accordéon a reçu un accueil chaleureux de la part d’un public bon enfant, cependant garni de quelques cheveux blancs. Délaissant les grottes de Rock Amadour, je suis allé voir si l’amour avec le loup n’était pas plutôt au fond d’une brasserie. Le soir venu, après un spectacle de rue, danseuses et danseurs en feux d’artifices (la compagnie Karnavire), les concerts sont dans les bars. Ces endroits sont rudes pour les artistes et, à leur manière, conditionnent les répertoires. On commande à boire au bar, on discute le bout de gras, on commente un peu sur le spectacle et on participe aussi. Diantre, on est au Vendôme, café et brasserie, au bord du comptoir, c’est samedi et jour de fête ! On ne sait pas à quelle sauce on va savourer l’artiste, car lui, on ne le connait pas.
On se documente un peu grâce à la brochure, quelques lignes sur cette énigmatique « Délinquante ». D’abord, on s’aperçoit qu’elles sont deux et qu’il n’y a pas de pluriel au nom du groupe : elles doivent être singulières, se dit-on. On entre. « Délinquante », c’est Claire et Céline, deux chanteuses à l’accordéon qui viennent, parlent, chantent, moquent, raillent et prennent le public, l’installe au fond de leur poche s’en se laisser envahir par le bruit qui courre toujours un peu. On commande, on va servir en terrasse. Elles ont de la poigne, un côté rock aussi. D’ailleurs, elles auraient bien voulu intégrer un groupe de rock métal, mais les garçons aux cheveux longs, guitares saturées et tatouages ont trouvé que vraiment, l’accordéon et le métal, ça faisait con et pis fallait qu’ils rentrent manger chez leurs parents, alors c’était déjà tout négocié. Esseulées, elles en ont fait un morceau métal qu’elles chantent toutes seules, comme des grandes ! Et emmènent avec elles toutes les générations confondues… Le temps file comme ça, sans que l’on ne s’en aperçoive. Céline est plus sérieuse quand Claire est plus clown, pour un duo qui rebondit jusqu’au moment où le public conquis en redemande : « Bon d’accord, on prend un verre et on rejoue dans dix minutes ». Le temps de revenir jouer encore, chanter encore. Et, au bout du bout, parce que vraiment le public les emmène au creux de leurs retranchements, Claire clôt son répertoire par une chanson d’émotion, Londres…
« Toi qui a une force
Pour tous les autres gens,
Pourquoi lui te la brise ?
Parce que j’le vois dans ses yeux,
Parce que j’le crois dès qu’il peut
Se jeter dans mes bras
Pour m’emmener à Londres
Et l’on jette à la fosse
Ces nuits que l’on n’a pas,
Sans savoir si demain
Il m’aimera ou pas »
Concert terminé, j’ai pris la route des bois. Deux oiseaux de nuit sont venus gicler dans mes phares et je n’ai pu les éviter. Ce sont elles qui m’ont frôlé le parechoc, sans doute des chouettes hulottes, de chouettes délinquantes…
Le site de Délinquante, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà écrit sur Délinquante, c’est là.
C’est aussi dans un bar , à Riom, que j’ai fait la connaissance de ces filles au pluriel singulier et aux accordéons festifs . Elles pétillent de malice, d’humour, de joie de vivre, et oui, savent mettre le public dans leur poche .