La Maison Quitientchaud, chanson canicule
Ils sont qui de la Loire qui de Haute-Loire, zone interlope à cheval entre l’Auvergne et Rhône-Alpes. Un groupe est toujours une histoire de rencontres, et celui-ci n’y échappe pas. Sauf qu’à la lointaine origine, ce n’est pas La Maison Quitientchaud, c’est un autre, les vedettes d’alors sur la Haute-Loire, les fameuses Zourilles et leur « tragi comédie musicale non subventionnée » qui, de foyers ruraux en podiums sur les places de villages, ont sillonné et écumé le département, avec parfois quelques échappées sur l’extérieur : Saint-Étienne, Le Puy, Aurillac, Clermont, Annecy, Belgique, Allemagne… La gloire ! Mais je vous parle d’un temps… Exit les Zourilles, chacun repart il y a dix ans à ses nouvelles occupations, quitte l’intermittence pour un boulot permanent.
Stéphane est du lot. Éducateur, il bosse alors en CAT. Reste en lui une petite musique qui périodiquement musarde et parfois s’agite. Jusqu’à la rencontre deux ans plus tard avec Hervé, un collègue moniteur-éducateur, saxophoniste nourrissant au fond de lui un projet de fanfare. Qui d’emblée se mue en un duo chanson, pour lequel Hervé exhume du grenier son chromatique et astique ses touches. Il faut un nom : ce sera La Maison Quitientchaud, trouvé un soir d’hiver sans doute, entre deux vins fameux et fumants. La « première » scène se déroule fin mars 2006. Durant six mois, ils vont tourner à deux. Manifestement il manque un son additionnel, autre adjuvant : une contrebasse. Qu’ils trouvent en la personne de Xavier, un ami commun, mais aucun des deux ne le savait. « On a tous adopté un instrument qui n’était pas le nôtre » disent-ils fièrement. Un premier cédé paraît, En un seul mot, vite épuisé, avec son lot de raisonnables tubes. Comme J’aurai cette femme… Car femmes et vie sentimentale meublent chaleureusement cette première pièce de la Maison.
Les trois deviennent dare d’art intermittents. Et chacun, en plus de la scène, occupe une fonction au sein du groupe. L’un organise les tournées, l’autre la régie. Stéphane, lui, écrit. Le communicant viendra avec Pierre-Jean, ambulancier dans le civil, petit frère de Xavier certes mais aussi et surtout batteur. Car Quitientchaud était jusque-là 100% acoustique et cette Maison aspire à l’électricité, au confort moderne, à l’amplifié, pour bien occuper des scènes désormais plus grandes qu’un coin de bar. De cette révolution, de leurs cogitations, naît le deuxième opus, Plus t’en as plus t’en veux, en 2010. Ce n’est qu’une fois les textes achevés, quasiment mis en boîtes, qu’est apparue l’évidence d’une thématique qui crève alors les yeux et les oreilles : le trop, le trop plein, la consommation à outrance. Pas que celle au supermarché, le toujours tout qui nous anime dans un monde fou.
Voici la troisième galette, Chaud dedans, parue juste avant les vacances d’été 2013, qui anticipait la canicule et plus que jamais affirme la touche Quitientchaud. Qu’il serait dommage de ranger dans la niche fourre-tout de la chanson-rock festive : l’adn de cette Maison est autre, qui explore une chanson matinée d’un rock suave et subtil avec un soin évident porté à l’écriture. Qui plus est le timbre de Stéphane Bouilhol, le chanteur, fait agréablement songer à la voix de Thomas Pitiot : on y va de confiance et ne le regrette pas. La chaleur est ici génétique, évidente, qui génère l’empathie, la sympathie. Un beau groupe vraiment. Découvrez-le !
La maison Quitientchaud, Chaud dedans. Greenpiste records/L’Autre distribution. Le site de La Maison Quitientchaud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit sur La Maison Quitienchaud, c’est là.
Vraiment de belles rencontres dans » La Maison Quitientchaud » , de la cave au grenier on y sent la chaleur de l’amitié dans les mots et dans les sons . Une maison bien construite, au fil du temps et des évènements, pleine de fenêtres ouvertes sur le monde .