Laurent Berger, entre peinture et cinéma
« Aller voir / Juste en bas de chez soi / Il suffit d’une fois / Pour que son regard change / Aller voir / Sur le trottoir d’en face / Là où la vie se passe / Et se fait plus étrange… »
Le sablier de Laurent Berger est large qui laisse filer le temps et maintient, fébrile mais pas plus pressée que ça, notre attente. Ça fait bien longtemps que toutes ou partie de ces nouvelles chansons ont été rodées sur scène. Vient un jour le moment de les consigner sur disque, de s’enfermer comme en conclave, en maternité, et d’accoucher de l’opus, distingué comme d’habitude, raffiné. Epuré, en un précieux piano-voix, tête à tête partagé avec Nathalie Fortin.
Depuis le temps, désormais quatre albums, que Laurent Berger est en chanson, il en est devenu un grand classique, un étalon, une référence du genre. C’est dire si l’écoute d’un nouvel album est tant excitation qu’appréhension. Avec confusément la peur d’être ravi, d’être déçu.
Ni hautbois ni guitare cette fois : aucun instrument autre que les touches de Fortin ne vient nous distraire, prendre la clef des champs, ravir celles de sol et de fa. C’est conversation, huis clos, dix doigts une voix. Plus encore nous écoutons l’intime. Non que le propos de chaque chanson le soit forcément : c’est le traitement, l’observation, la restitution qui nous donnent cette impression. La délicatesse aussi. Berger est un peintre des mots qui, touche après touche, va préciser l’image, cerner le sujet, dessiner l’émotion, ne laisser sur la toile que le strict nécessaire de couleurs, huiles presque pastels : « Amoureux / Si c’est pas du velours / Que de se faire la cour / J’y mets mon cœur au feu. » Laurent Berger, c’est la vie qui défile, lentement, calme travelling qui saisit au passage des regards, des sourires, les traces d’existences, des éclats d’amour, des incompréhensions, des élans, des hésitations : « La cathédrale de nos sens / Implose au premier pas de danse / Nos pas font une corrida / J’ose pas. » Sur un titre, il s’auto-portraite, d’abord en épouvantail sous un pont de Paris pour finir sur un radeau qui s’immobilise aux Marquises, sans doute aux côtés de deux autres peintres de talent, des presque frères.
Ce disque de Berger est comme successions de films, caméra légère, pellicule sensible. Le metteur en scène est talentueux, la bande-son est enjouée, respectueuse des scénarios. Ce quatrième album est un grand cru. Aller voir, venez l’écoutez.
Laurent Berger, Aller voir, Tohu-bohu 2013. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit et écrit sur Laurent Berger, c’est ici. Le site de Laurent Berger c’est là. En vidéo, « L’épouse d’un grand homme », titre extrait du nouvel album :
Comme il se doit et comme vous le faite si bien Michel, vous nous parlez de Laurent avec justesse.
Et je ne peux qu’approuver et me réjouir que l’on parle de lui, car pour moi, ce n’est jamais asses, parole de « Fan »!!
Je confirme son dernier CD est une petite merveille, et qu’elle complicité avec Nathalie .
Surtout si il passe près de chez vous , même un peu loin de chez vous, allez y, talent sûr!
Excellent post, longue vie à ce blog!
cordialement