Aubercail 2013 : Karim Kacel pour déjeuner de soleil
« Trouvez des mots / J’choisis les plus beaux / On est un peu fou / Quand on est musicien. »
Il y a pile trente ans, à quelques jours près, le jeune (et inattendu) lauréat d’un radio-crochet organisé par Pathé-Marconi entrait dans un studio d’enregistrement. C’est à l’automne 1983 que sortait son quarante-cinq tours, alors un événement dans la chanson : Banlieue.
Le voici donc, Karim Kacel, à souffler ses bougies sur la scène d’Aubercail, en une carte blanche qu’il veut retracer à grand trait ses trois décennies de chanson. Quitte à faire, le programme est intéressant. Mais tout sera décousu, et le concert finalement bien court pour répondre à la prétention initiale. D’autant que les trois dernières années Karim Kacel s’est employé à revisiter le répertoire de Serge Reggiani (tout ou presque, hors les textes de Moustaki : c’est dire si l’émotion sera palpable quand, s’aidant des paroles, il chante le Votre fille a vingt ans en sincère hommage du chanteur mort le matin même. D’autant que le public apprend du même coup la proximité entre Moustaki et Kacel : Karim lui fut pendant quinze années comme son ordonnance, son aide de camp. Qu’il doit lui être dur d’être en scène ce jour de grand deuil…). Pas loin de la moitié de ce concert sera consacré à l’interprète de L’italien, ce qui nous vaut quelques titres majeurs et d’autres, superbes, que Kacel nous permet de (re)découvrir, de La Putain à Déjeuner de soleil. C’est bien, c’est enthousiasmant même (c’est là qu’on découvre Kacel dans un statut d’interprète qui, à son tour, lui va comme un gant) mais quid de la rétrospective annoncée de trente ans de disques et de scènes. Bien sûr, avec l’émotion que vous devinez, Karim Kacel nous gratifie de Banlieue. Puis de P’tite sœur. Qui plus est en commentant ces années-là, où il fut l’arabe de la chanson, à la télé, bien avant que Zidane ou Djamel Debbouze ne crèvent l’écran. Karim Kacel en conteur, qui compte et égrène ses souvenirs, ces idoles qui passaient à la radio. Lui est d’une autre culture, plus racée : irrésistiblement attiré par les grands de la chanson française.
Il en deviendra, ce qu’on a tendance à oublier, une des plus belles voix. Ce récital d’hier fut à ce titre exemplaire. La voix est ample, puissante, colorée, chaleureuse, à l’entier service du verbe. Parfois très jazz, comme le sont ses musiciens Tony Ballester en basse et contrebasse et Angelo Zurzulo au piano. Ça nous vaut quelques bons titres (N’arrête pas de rêver, Bluesville…) mais peu, bien trop peu pour faire rétrospective, pour nous persuader que, si toutefois nous nous étions éloignés de lui, Karim Kacel est à la hauteur d’une œuvre en propre.
Ce concert-là, au-delà de toutes les émotions, nous dit simplement que Karim Kacel est un chanteur important et qu’il serait bon qu’il regagne scènes et festivals dont il est, on le sait, grand absent.
Pas de site internet semble-t-il pour Karim Kacel. On se rattrape en écoutant de nouveau cette P’tite soeur de ses débuts :
Mais il est présent en Auvergne où il anime chaque été des ateliers musicaux pour les jeunes les adultes . Une très belle voix et de beaux textes aussi .
Le groupe vocal « Courant d’Airs, dans le cadre de l’opération « Choeurs en scène » (le 19 mai à Portes les Valence), à l’invitation d’Evasion, a interprété « Un peu fou » chanson de Karim Kacel qui a été au répertoire d’Evasion. Le titre est en écoute sur notre site, page le groupe… http://courantdairs.net/topic/index.html