Rezvani : le zèle de Z’elle
Si une de ces actrices, de ces chanteuses qui ont leur rond de serviette sur presque tous les plateaux télé, se mettait à sortir un album de chansons de Rezvani, la presse bobo s’en réjouirait, Télérama ferait son papier enjoué. Et le public curieux mettrait un nom – un vrai – à l’auteur du Tourbillon (de Jules et Jim de Truffaut) et à quelques autres chansons alors venues réveiller nos oreilles, telle que J’ai la mémoire qui flanche.
Bon, là, l’interprète est Z’elle : c’est son nom d’artiste. Z’elle est lyonnaise, du collectif des Zondits. Elle est interprète, une de celles qui redonnent son et sens à cet art précis de se mettre en bouche les mots et les émotions d’autrui. Son précédent album conviait à ce titre – 13 titres précisément – la crème de la chanson, jolies Rencontres (les Lebègue, Barbara, Mama Béa, Pestel, Louki, Piton, Joyet, Ferré et autres encore). Là, c’est un auteur, un seul : Rezvani, avec ce côté suranné (que Z’elle exprime avec zèle par des pochettes, celle-ci comme la précédente, trop vieillottes, absolument pas commerciales) : sans les confondre avec celles des illustres gouailleuses d’avant-guerre (il y a certes l’effronterie et ce côté alerte dans les propos, bonne humeur, joie de vivre et bonne rasades de bon sens mais sans le côté cœur cassé et bleus dans l’œil de ces chanteuses fatalistes), la trame n’est pas drame.
Romancier, dramaturge, essayiste, peintre, Rezvani tâta aussi du côté de la chanson, à la fin des années 50, sur une guitare qui lui avait offerte par Francesca Solleville. Des chansons rien que pour des soirées entre amis jusqu’à ce que l’ami Truffaut en prélève une pour son Jules et Jim d’anthologie, jusqu’à ce que l’Académie du disque Charles-Cros en fasse un de ses grands prix…
J’ai déjà dit (pas ici, sur Chorus) l’estime en laquelle je tiens Z’elle, de ce beau travail de transmission des interprètes, trop souvent oublié. Ce disque-là est une cerise sur une discothèque, un plaisir en sus, comme une boite de chocolats, de pâtes de fruits. C’est assez irrésistible.
Z’elle, Je te plum ploterai, autoproduit, 2012. Le site de Z’elle c’est ici (supprimé)
Merci de faire connaître ce disque.
C’est vrai que la pochette est kitsch à souhait et n’est pas vendeuse, mais au moins ça sort de l’ordinaire…
(ps: il y a quelques fautes de frappe dans l’avant-dernier paragraphe)