Marie-Paule Re-Belle, pas question de se taire
Le 12 janvier 2013
Voilà que la ville de Pamiers, par ses « balades culturelles », se lancent dans la Chanson… Comment ne pas s’en réjouir ? Le « Mois de la chanson française » ? Excusez du peu ! L’annonce est un soupçon exagérée mais ne faisons pas la fine bouche : deux soirées en chansons, c’est déjà beaucoup ! Ce soir avec Marie-Paule Belle… de Belle à Barbara (anniversaire de sa disparition oblige…) et la semaine prochaine Yvan Cujious avec en première partie une main tendue aux lauréats du Prix Claude-Nougaro… tout ce que Festiv’Art affectionne : des découvertes, mais aussi des artistes qui chantent un peu partout et pourtant ignorés des grands circuits, sans oublier ceux qui ont si magnifiquement illustré l’Histoire de la Chanson, comme Marie-Paule ce soir.
Quarante ans qu’elle est venue à Pamiers, en première partie de Serge Lama ! Et le public est là, la réclamant bien avant qu’elle n’entre en scène et l’applaudissant debout pour finir : Tout commence, vous revoilà…Mon cœur bat au bout de mes doigts, déclare t- elle en ouverture de son concert. On ne résiste pas à ces mots là et encore moins à ce petit bout de femme, qui gardera pendant 1h30 les yeux rivés sur son public. La voix est claire, identique à celle des jeunes années, toujours juste dans toutes les nuances recherchées : de l’émotion à l’humour, de la dérision à la condamnation. Bien sûr, elle offrira quelques uns de grands succès et j’avoue ne pas avoir boudé mon plaisir en l’entendant à nouveau dans la Parisienne, Wolfgang et moi, ou Trans Europ Express : Je croyais qu’on partirait loin, n’est ce pas ? Sûr que cette nostalgie là réchauffe !
Mais il est si tout aussi bon de faire des découvertes au cœur de cet univers familier, surtout lorsque la compositrice, l’interprète fait le choix de textes puissants comme Assez ! Et l’histoire poignante de Cécile endormie sous ses cils… Assez, Assez ! Assez ! De tous ceux qui lèvent la main… Comme bien sûr Celles qui aiment elles, chanson subtilement introduite en termes respectueux mais fermes, à la veille de la mobilisation contre le mariage pour tous. Chanson qui alerte et rappelle le combat de ceux qui ont subi les mots de haine/ceux que l’on entend à peine… Comme aussi Où est ce qu’on les enterre ceux qui sont méchants, texte signé de la fidèle Françoise Mallet-Joris.
Que dire enfin de Marie-Paule Belle interprétant Barbara ? D’autres avant moi ont écrit sur cette sensation forte de redécouvrir le répertoire de celle qui nous a laissé pourtant une si forte empreinte et dont on pense ne jamais s’affranchir. L’émotion m’a semblé atteindre son comble dans Nantes, interprétation si subtilement jouée, et soulignée par le jeu de lumières. Pour tant de beauté merci et chapeau bas ! Belle leçon de chanson, pour tout dire !
Sans doute quarante ans ce n’est pas rien pour affermir son talent, pour s’adresser à son public, pour l’émouvoir à ce point. Mais j’aimerais que plus d’un sur scène puisse s’inspirer de ce travail là de l’artiste seule au piano, puisse, comme elle, saluer comme elle l’a fait tous ceux qui travaillent pour et avec elle : manager, auteurs, techniciens (ils sont exceptionnels ceux-là, au son et à la lumière !) Décidément et définitivement : Chapeau bas !
Grande dame de la chanson Marie-Paule Belle, merci de le rappeler . Seule avec son piano, comme Barbara et la même sensibilité à fleur de peau et beaucoup d’humour aussi . Dommage que le « grand public » ne connaisse guère plus que » La parisienne » , avec le répertoire qu’elle a . Je pense à « Café Renard » , » L’enfant et la mouche », ou encore » En anglais il faut qu’ça danse, en français, il faut qu’ça pense » et tant d’autres …