Sarcloret : l’après-posthume bande encore
La précédente fois, c’était pour son Enterrement de 1ere classe (le coffret de ses oeuvres complètes, même pas conditionné dans une bière, ce qui frisait la faute de goût…) suivant de peu la parution du prime volume de ses Chansons posthumes (A tombeau ouvert [chansons posthumes vol.1]) et s’accordait bien avec ses concerts où, entre les chansons, il projetait des épitaphes à graver, comme il se doit, dans le marbre.
Là, Sarclo quitte le cimetière, se fait beau, cultive soigneusement son hulihee, pour Gueuler comme un putois à qui veut l’entendre : sincèrement on aurait tort de ne pas vouloir.
Enfin, quand je dis « quitte le cimetière », il y revient par anticipation, imaginant le jour (la fin du monde ne saurait être pire) du trépas de Dylan.
Le reste c’est du Sarclo presque coutumier, un cru toujours cru, qui alterne la pure tendresse et la provoc, l’obsession du cul, l’amitié (sur son copain Renaud Séchan : On peut rêver que ce qui nous manque)… Qui, plus que jamais semble-t-il, parle de lui, du temps qui lui reste (« Je suis plus vieux que ne l’ont été Pierre Desproges et Boris Vian »), des décolletés encore à visiter, des nichons qui restent à se laisser tripoter : « On n’est pas sérieux quand on a soixante ans » chante celui qui dit encore « J’mourirai quand j’veux. » Au demeurant, Sarclo chante aussi ses sentiments, avec des mots doux autant qu’avec des formules bien gaillardes, rien que pour celle qu’il aime désormais (ces Chanson du balourd et En mars change de comparse font forcément date), reléguant son ex dans un souvenir apaisé (Chacun de son côté).
Du Sarclo, donc, dont on ne se prive d’aucune nouvelle rasade. Sauf que cette fois-ci, c’est un peu différent : c’est bien plus travaillé que nombre de ses opus passés, musicalité retrouvée, qui plus est presque raffinée, fruit de la rencontre avec un autre helvète que lui, un Napoléon Washington qui habille les chansons de Sarclo de haute-mouture, cordes de guitare et blues à l’âme.
Un bon Sarcloret (on peut de nouveau dire Sarclo, l’Elysée ayant depuis changé de chausse-pied) donc, millésime 2012 gouleyant, chatoyant. Presque enivrant.
Sarcloret, Gueuler partout comme un putois, 2012, Côtes du Rhône/L’Autre distribution. Le site de Sarcloret c’est ici.
Excellent cru. Difficile de l’avoir dans la hotte du Père Noël Noir même en le commandant suffisamment tôt.
Heureusement qu’il était possible de l’avoir en le téléchargeant (sur un site autorisé bien sur) je peux quand même faire plaisir aux fans de mon entourage.