Prison Doré
Julien Doré, 1er décembre 2012, Espace Cardin, Paris, festival La Nuit des musiciens,
Le bord de scène est parterre de pétales de roses, le rideau fait de paillettes que colorent les projos ; ici et là des guirlandes de lumières font géométries, les spots balayent la scène en grande frénésie… C’est kitsch. La jauge de ce théâtre à l’italienne est petite, à l’exact contraire de la renommée de l’artiste, la vedette, le Doré que voici.
Tel qu’il est, on dirait Vincent Perez dans le Cyrano de Rappeneau, tant par la chevelure, la moustache que par le culot, la prétention… Et par la voix totalement inaudible dans la bouillie sonore. Dur dur pour qui n’a pas appris son Doré par cœur avant de venir l’applaudir. Faut-il d’ailleurs juger ce concert à l’aune de ce qu’on entend, de ce qu’on ne comprend pas ? Quand il chante en français, la musique (de très bons musicos, à n’en pas douter) prend le pas, reléguant les paroles à un son comme un autre. Inaudible vous dis-je. Parfois il chante sans musicien. Idéal, alors ? Ben non, c’est au porte-voix (dommage, Campari est une très belle chanson…) ou avec des réverbs telles que la voix est comme floutée. Comme s’il lui fallait ruiner, saccager ses propres chansons… Si, on comprend bien quand cet amoureux de la langue française (c’est pas moi qui le dis, c’est ce qui est imprimé sur le programme distribué à l’entrée) chante… en anglais, en fait pas loin de la moitié du temps. Si on ne comprend rien à son français, c’est plutôt simple avec son Shakespeare à lui : du Kiss me forever, avouez que c’est dans nos cordes, vocales ou non.
Le son fait parfois au mieux rock des années 60, au pire sono de fête foraine, effets spéciaux d’un concert voulu kitch. Tiens, voici Doré en débardeur, muscles saillants à la Lavilliers et croix tatouée. Puis voilà qu’il se le joue Johnny Weissmuller, grimpant à la corbeille pour en redescendre sans filet. Et, paroxysme qui de l’audace qui de l’outrance, c’est en fils de dieu, non en couronne d’épines mais de fleurs, qu’il se métamorphose et fait ses vocalises : Jésus crie, mais pas tout le temps.
Tout son Bichon (son dernier disque) y passe, ça et des retours sur autres albums. Et des emprunts, comme cette Dolce Vita de et partagée avec Christophe, celui des Mots bleus. Car Doré invite à tour de bras, toujours pour des duos : Biyouna, The Waterllillies (des nîmois, comme leur nom ne l’indique pas), Mélanie Pain (qui n’est pas sa mie) ou le saxophoniste Laurent Bardainne.
Doré est un gamin pas dompté qui n’en fait vraiment qu’à sa tête. Il s’amuse ! petit histrion de la chansonnette, d’une (très) agréable folie. S’il lui faut jouer l’ambiguïté pour introduire Homosexuel, il le fait. Il est capable d’audaces qui sont autant de belles trouvailles de mise en scène, gags visuels et sonores : il y a du clown en Doré qui fait son guss à défaut du Gustave.
Car, avec Julien Doré, tout est bon pour servir une certaine idée du spectacle. Jamais de la chanson qui, par lui, est comme grimée, punie, emprisonnée…
Le spectacle vivant est une aventure « à risque » pour le spectateur, la preuve… Parfois le concert est réussi, parfois il l’est moins. J’ai vu Julien Doré aux Muzik’Elles où il avait une carte blanche il y a 2 ans, ce fut un superbe show. Et il avait bien servi ses invitées, y compris Cindy Sanders avec qui il fait un duo sur un standard américain. Comme quoi, tout peut arriver … Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas Cindy Sanders ( personne n’est parfait) elle avait participé à un télé-crochet, et avait eu un « succès » avec un « Papillon de lumière » dont il vaut mieux ne pas parler. Mais avec Doré, c’était bien.
(Les cartes blanches aux Muzik’Elles, c’est une chanteuse qui invite des chanteurs, ou un chanteur qui invite des chanteuses)
le point de vue est intéressant, mais perso je ne suis pas du tout fan du chanteur préféré de l’ex première dame (lol), enfin c’est pas à cause de ça non plus, je trouve juste que sa diction est désagréable et comme les propos sont inintéressants … reste peut être un don pour le spectacle, c’est possible merci quand même pour l’ensemble des artistes super que je découvre ou redécouvre chez vous.
Comme je ne l’ai jamais vu sur scène, je ne peux pas juger , mais je trouve qu’il en fait un peu trop, trop attaché à la forme au détriment du fond .