Ben Popp, demain sera bien…
Encore un lyonnais (certes de récente adoption), tant il est vrai que la Capitale des Gaules est un incroyable vivier de la chanson. Lui, Benjamin (Ben Popp pour la scène), fait dans un art qui va d’un délicat folk-song à un rock impeccable et implacable, d’une chanson d’auteur à une variété revendiquée, assumant pleinement et avec grâce ce possible grand écart. Il n’est pas un nouveau venu en chanson, loin s’en faut. Ça fait même plus de vingt ans, depuis l’été 91, qu’il signe avec une régularité de métronome des albums qui rarement se ressemblent tant son champ d’expérimentation est grand, tant son chant annexe de genres. Avec plus d’une trentaine de disques autoproduits à son actif, il pourrait faire figure de phénomène : il n’est qu’artiste et crée, certes sans compter, surtout sans calculer, à la marge qu’il est du showbizz, traçant sa route non dans l’indifférence mais avec une liberté qu’on peut lui envier.
Dernier album en date, « Demain est une fête » (qu’à quelques titres près, on a connu en un précédent tirage sous le titre « Sur du vent »), où Ben Popp taille dans la dentelle des sentiments, des émotions. Dieu seul sait (lui et nous autres, attentifs que nous sommes) qu’on a beaucoup chanté l’amour et que de se frayer un chemin original en ce domaine est chose délicate : Ben Popp y est à l’aise qui explore encore. Et ouvre de nouvelles pistes. Jusqu’à se permettre ce judicieux clin d’œil à qui on sait par un très intéressant « Je suis venu te dire que je mentais ». Bon, ce n’est pas nécessairement ce type de chansons qu’on fête sur Barjac, certes (mais NosEnchanteurs n’est le journal officiel d’aucune chapelle) : reste que cette légèreté est bienvenue, d’autant qu’elle tranche avec de précédents opus de Ben Popp où il faisait plus volontiers dans le grave (lire ici la chronique d’« Empreintes digitales » sur le Thou’Chant). Bien sûr on se l’imaginerait bien en radios où son art trouverait sa couche idéale et un public d’autant plus large : les programmations sont un insondable mystère où le talent n’est que dérisoire paramètre. C’est d’autant plus rageant que, dans son genre, Ben Popp est au-delà du lot, bien au-dessus : sa « popp » (en fait un subtile dosage de blues, de pop et de rock, de latino même) est délice et son son fait sens sur des textes où la qualité le dispute à une très belle sonorité (faut-il préciser, à destination de ces jeunes coqs de la chanson qui ne chantent plus qu’en anglais, que Ben Popp, lui, chante en français ?).
A découvrir si ce n’est pas encore fait, à adopter si ça vous dit, si ça vous parle. Ce nouvel opus, beaucoup plus produit que les précédents, avec des musiciens qu’on sent très proches et impliqués, devrait à l’évidence en séduire plus d’un.
Ben Popp, Demain est une fête, 2012, Les Chants du possible. Le site de Ben Popp, c’est ici.
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