Wladimir Anselme, pop baroque ivre de poésie
Depuis quelques jours vous êtes nombreux à chercher sur NosEnchanteurs ce qui a pu être écrit sur Wladimir Anselme (chronique de scène ici). Qui, après très longue attente, sort enfin son premier opus et, disons-le tout net, ne déçoit pas. Anselme ? Un artiste pluriel. Il est dessinateur, il est vidéaste, il est chanteur… Mais bien malin celui qui pourra le raccrocher à une famille de la chanson. Anselme ne portraite personne, ne raconte pas le quotidien, ne lève pas le poing. Il poétise à tout va : « Pour nous abriter du vent / J’invente des oliviers / Des sonates, des palmeraies / Des oranges roses dans / Des oranges-roseraies » en une remarquable douceur pop, parfois délicatement rock. Rien que la pochette du digipak… Au recto, dans la nuit, en forêt, une biche et l’artiste ramassant du bois ; au verso, dans la brume, un cheval. Nous sommes ailleurs. Dans l’ailleurs d’Anselme, un monde qui ferait singulier, quasi incongru, au sein d’une play-liste. Anselme a une voix gamine, gosse pas grandi, qui parfois souchonne, qui s’émerveille à nous raconter des histoires merveilleuses et mélancoliques, tendres, oniriques, genre Pierrot sur son quart de lune : « Et puis la nuit s’allume sur le corps des filles / Des corsets des lacets les sentinelles / Qui fredonnaient des ouragans qui rêvaient d’Ispahan. » Comme des peintures dont on ne sait tout à fait si elles tirent sur le surréalisme ou l’impressionnisme, les deux peut-être. C’est une dimension nouvelle de la chanson, comme un livre riche d’enluminures, à l’écriture d’un presque autre âge, exigeante, faites de rimes galantes, soyeuses : « Oh fais voir l’embellie et fais danser / Les belles échappées / Fais voir les grands chambardements / Et qu’ils m’emportent maintenant. » Toute affaire cessante, procurez-vous cet album, faites-le disque d’or ; faites une place en votre cœur, en vos poumons, à cet ovni de la chanson.
Wladimir Anselme, Les heures courtes, 2011, Klaxon/L’Autre distribution. Le site d’Anselme, c’est là.
Wlad a enregistré un précédent album il y a déjà des lunes… produit par « Les Louves ».
Amicalement
Chris Land
Le premier disque d’Anselme, Mauvaises herbes, date déjà de 1999.
Mais il a peu à voir avec le nouveau, époustouflant, qui me rappelle le Jean Guidoni de La pointe rouge.
Pop baroque ? Je ne saurais mieux dire…